« Vénus et Adonis » de Blow sous la direction d’ Olivier Fortin

Au début des années 1680, Blow composait le premier opéra anglais connu, Vénus et Adonis. L’ouvrage court en trois actes est inspiré par un mythe antique mis en vers par Ovide puis Shakespeare, qu’il réarrange un peu, avec, entre autres, une leçon amorale et comique de Cupidon. Avec une ouverture dans le style de Lully et un prologue en hommage au monarque, sans oublier des danses, la partition porte l’empreinte de l’école française qui a nourri le renouveau de la musique en Angleterre, après la décennie de la République puritaine de Cromwell qui avait réduit les théâtres au silence – Charles II avait passé son exil à la cour de son cousin, Louis XIV, où il avait pu découvrir les fastes de la comédie-ballet et les prémices de la tragédie lyrique. L’opus de Blow se distingue par une concision et une fluidité entre airs et récits qui épousent la prosodie anglaise, que l’on retrouvera quelques années plus tard dans Didon et Enée de Purcell, bien plus largement passé à la postérité que ce premier chef-d’œuvre de la singularité anglaise dans le paysage lyrique à l’âge baroque.

Gilles Charlassier