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Danse - Critique

Une réjouissante soirée « Contrastes » au Palais Garnier

Une réjouissante soirée « Contrastes » au Palais Garnier - Critique sortie Danse Paris Palais Garnier
DRIFT WOOD - Chorégraphie : Imre et Marne van Opstal - Musique : Amos Ben-Tal - Musique et sound design : Salvador Breed - Décor et lumières : Tom Visser - Costumes : Alainpaul - Dans le cadre de la soirée Contrastes - A l'Opéra Garnier - Le 28 novembre 2026 - Photo : Benoîte Fanton

Palais Garnier / Chorégraphie Trisha Brown / David Dawson / Imre et Marne van Opstal

Publié le 8 décembre 2025 - N° 339

Le Ballet de l’Opéra national de Paris brille dans une soirée tout en Contrastes qui mêle danse post-moderne américaine, néoclassique et jeune garde contemporaine.

Le rideau s’ouvre sur un ciel étoilé. Portée par Guillaume Diop et Marc Moreau, Dorothée Gilbert, corps tendu à l’horizontal et bras en croix tels des hélices, tourne sur elle-même. Tandis que le poème Ode à un oiseau de Czeslaw Milosz se mêle dans sa version originale polonaise à la musique de Laurie Anderson, les trois silhouettes blanches comme autant de constellations se séparent et s’épousent dans des solos, duos et trios aériens. Le « release » typique de Trisha Brown contraste dans les mêmes anatomies avec l’académisme d’un classique d’une grande beauté, faisant de ce O złożony / O composite un moment envoûtant. Puis c’est au tour d’Hannah O’Neill de s’emparer avec brio d’If you couldn’t see me, un bref solo que Trisha Brown interprétait elle-même. N’évoluant que de dos ou de profil, sans jamais montrer l’entièreté de son visage, l’étoile vêtue d’une nuisette largement fendue qui dévoile la musculature de son dos, anime la moindre de ses articulations dans une danse d’une absolue liberté qui entre en vibration avec l’entièreté de la scène du Palais Garnier. Elle fait ainsi revivre pour quelques minutes la prêtresse de la postmodern dance.

Contraste des esthétiques

Une poignée d’étoiles (dont Paul Marque et Germain Louvet très en jambe) et de danseurs et danseuses donnent ensuite corps aux dualités mises en exergue par David Dawson dans Anima Animus : énergies féminine et masculine, ombre et lumière, unité du groupe et individualisme. D’une facture néoclassique traditionnelle et d’une grande virtuosité, ce ballet virevoltant récolte les hourras de la salle. Last but not least, Drift Wood d’Imre et Marne Von Opstal clôt ce programme de haute volée tout en contrastes. Dans une verve résolument contemporaine, avec une énergie très proche de celle d’Hofesh Shechter, le frère et la sœur inventent une communauté dont la marée de gestes laisse s’exprimer et se déployer par vagues le style et les instincts de chacun. Comme à leur habitude, Caroline Osmont et Loup Marcault-Derouard brillent particulièrement dans ce répertoire, et Eric Pinto Cata leur emboîte le pas avec tout autant de talent.

Delphine Baffour

A propos de l'événement

Contrastes
du mercredi 10 décembre 2025 au mercredi 31 décembre 2025
Palais Garnier
Place de l'Opéra, 75009 Paris

Les 10, 11, 15, 17, 18, 20, 23, 24, 26, 29, 30 et 31 décembre à 19h30, les 13 et 14 décembre à 20h, les 21 et 28 décembre à 15h. Tél. 08 92 89 90 90. www.operadeparis.fr. Durée : 2h20 avec deux entractes.

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