Les Oiseaux
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Après son triptyque Les Insoumises où elle se faisait passeuse des mots de la poétesse russe Anna Akhmatova, de Virginia Woolf et de Monique Wittig, Isabelle Lafon reprend Une mouette créé en 2012. Un concentré de Tchekhov interprété par cinq comédiennes.
Depuis Igishanga (2002), où vous portiez à vous seule les témoignages de deux rescapées du génocide rwandais recueillis par Jean Hatzfeld, votre théâtre est traversé par une urgence de la parole. Quelle urgence y a-t-il pour vous à adapter Tchekhov ?
Isabelle Lafon : Une mouette étant ma seule adaptation d’un texte théâtral, qui plus est très connu, cette question de l’urgence se pose pour moi d’une manière très aiguë. Plus que dans la pièce de Tchekhov elle-même, qui questionne avec force les enjeux de la représentation, je crois que l’urgence de ce projet réside avant tout dans la parole qui se déploie sur scène. Celle de cinq comédiennes – moi y compris – qui jouent onze rôles comme si le monde en dépendait.
Ce monde a changé depuis la création de Une mouette en 2012. Votre spectacle aussi ?
I.L : Le travail que je développe avec ma compagnie Les Merveilleuses supporte très peu la répétition. Comme celle d’Anna Akhmatova, de Virginia Woolf et de Monique Wittig dans Les Insoumises, l’écriture de Tchekhov est la base pour moi d’une parole performative. Je suis très pudique en matière de politique, mais il est évident que l’approche des présidentielles et la crise de la démocratie viendront modifier le travail de 2012.
La distribution a elle aussi changé. Que signifie pour vous l’arrivée de Johanna Korthals Altes et de Karyll Elgrichi ?
I.L : Bien qu’il ne soit pas le fait d’un choix de ma part mais du départ de deux comédiennes, ce changement va permettre une véritable recréation de la pièce. La présence de Johanna Korthals Altes, comédienne dans deux pièces des Insoumises, fait de cette nouvelle Mouette une sorte de suite du triptyque. Et Karyll Elgrichi arrive dans l’aventure comme arrive Nina dans La Mouette. Elle bouleverse les habitudes.
Comme dans Let me try, d’après le Journal 1915-1941 de Virginia Woolf, vous utilisez beaucoup le discours indirect dans Une mouette. Pourquoi ?
I.L : Chez Tchekhov, les didascalies font selon moi partie de la pièce. Elles sont très écrites. Les garder dans le spectacle suscite l’imagination du spectateur et rend possible le surgissement des personnages. En nous plaçant à la frontière du théâtre, on ouvre un espace pour le hors-champ de la pièce, très important chez Tchekhov.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
Du 18 avril au 6 mai 2017, du lundi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h. Le 29 avril à 18h dans le cadre de « Un après-midi en famille ». Relâche les 20, 27, 28 avril et les 1er et 2 mai. Tel : 01 48 13 70 00.
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