Balade chez Tchekhov
Théâtre de l’Épée de Bois / textes d’Anton Tchekhov / mes Emmanuel Ray
Publié le 27 mars 2017 - N° 253Emmanuel Ray adapte Le Chant du cygne, des nouvelles et des extraits de la correspondance et du théâtre de Tchekhov pour une ode au théâtre, au rêve et à la vie.
Accroche : « Le théâtre atteste que le rêve ne meurt pas. »
Comment l’idée de ce spectacle est-elle née ?
Emmanuel Ray : Après Caligula, que notre compagnie a joué longtemps et qui a connu un grand succès, je voulais revenir sur le plateau et proposer une œuvre plus légère, avec le noyau dur de la troupe. J’ai alors relu Tchekhov et découvert la nouvelle Le Baron, qui raconte l’histoire d’un souffleur qui rêve de jouer Hamlet. Cela me permettait de créer un pont avec Le Chant du cygne, à travers le personnage du souffleur. J’ai aussi relu la correspondance entre Tchekhov et Olga Knipper, et j’ai organisé le spectacle autour de ces trois personnages : le vieil acteur dont l’âme frétille et rêve encore du théâtre, le souffleur qui rêve de monter sur les planches et l’actrice qui rêve d’être en pleine lumière.
Ce spectacle est donc un hommage au théâtre ?
E.R. : Il y a une chose très belle au théâtre, et je veux le montrer, ne serait-ce que par la simplicité de la scénographie : il suffit d’un acteur et d’un texte pour faire acte de parole et de liberté. Le théâtre atteste que le rêve ne meurt pas. Il est toujours au-dessus de nos têtes ; il suffit de le sentir et tout reste possible. Dans notre société où l’on a envie de trop de choses sans en retenir la saveur, arrêtons de courir, de vouloir dévorer tout sans prendre le temps de la dégustation ! Comment fait-on du théâtre ? Il suffit de le vouloir profondément ! Il y a vingt-cinq ans, quand j’ai dit à mon père que je voulais faire du théâtre, j’ai pris une gifle et je suis parti sans rien ! Même si tout semble catastrophique, il nous faut résister à la déploration ambiante, résister à notre propre désespoir, l’accepter pour ne jamais s’effondrer. Se dire qu’on est toujours insatisfait mais se dire aussi qu’on est heureux d’avoir la possibilité de faire ce qu’on fait. La pièce raconte ça. Le théâtre est comme un ring ; c’est l’espace où tout est encore permis, où on se doit de tout pouvoir faire, où tous les rêves sont possibles, où on a le temps et le loisir d’essayer de comprendre l’autre sans le juger, même s’il est Richard III, même s’il est Caligula… Aller au plus proche de ceux que l’on ne connaît pas : voilà ce que notre société ne fait pas et que le théâtre permet encore…
Propos recueillis par Catherine Robert
A propos de l'événement
Balade chez Tchekhovdu mardi 18 avril 2017 au dimanche 7 mai 2017
La Cartoucherie
Route du Champ de Manoeuvre, 75012 Paris, France
Du 18 avril au 7 mai 2017. Du mardi au samedi à 20h30 ; samedi et dimanche à 16h. Tél. : 01 48 08 39 74. Reprise au Nouveau Ring, lors du Festival d’Avignon, tous les jours à 17h30 à partir du 7 juillet.