Une femme au soleil

L’année dernière, Perrine Valli a posé les valises de sa compagnie Sam-Hester en Suisse, après dix années passées entre les deux pays, et notamment en résidence pendant quatre ans à Mains d’Œuvres à Saint-Ouen. « Sam-Hester », comme les prénoms donnés par Andy Warhol à tous ses chats – Sam pour les mâles et Hester pour les femelles… De quels déterminismes sexuels sommes-nous les porteurs, semble se demander d’emblée la chorégraphe ? Ses pièces marquantes offrent une théâtralité abstraite dans la mise en scène du corps, dans une danse sans artifice misant sur la profondeur d’une présence. C’est le cas pour Je pense comme une fille enlève sa robe, pièce sur la prostitution, ou pour Si dans cette chambre un ami attend…, sur le désir.

Des contours bien dessinés

Sa dernière création, Une femme au soleil, n’a pas la noirceur monochrome de ces deux anciennes propositions. Ici, le plateau est un espace qui joue sur l’idée de miroir : un miroir au tableau éponyme d’Edward Hopper, dont le travail sur les couleurs, la scénographie et les lumières est un bel hommage, et un miroir entre les danseurs, jouant sur la notion de couple, de mouvement continu et identique. Pourtant, le désir semble ne pas se figer dans la rigueur de la ligne : son écriture précise, portée par une musique puissante, laisse circuler un état de tension palpable entre les femmes, les hommes, proposant à l’imaginaire de multiples échappatoires à cet univers extrêmement bien léché.

Nathalie Yokel