Bouger les lignes – histoires de cartes de Nicolas Doutey, mise en peinture Paul Cox, mise en scène de Bérangère Vantusso
Créé en juillet dernier au Festival [...]
Dans une mise en scène d’Éric Didry, Nicolas Bouchaud et Frédéric Noaille livrent une version théâtrale d’Un Vivant qui passe. Cet entretien-documentaire tourné par Claude Lanzmann en 1979 donne à entendre le témoignage de Maurice Rossel, délégué suisse du Comité international de la Croix-Rouge qui, en 1943 et 1944, se rendit à Auschwitz et prit part au simulacre de visite qu’organisèrent les nazis au « ghetto modèle » de Theresienstadt.
Alors que Samy Frey s’empare d’Un Vivant qui passe par le biais d’une lecture présentée au Théâtre de L’Atelier (critique parue dans nos colonnes le 16 septembre), c’est un spectacle pour deux comédiens que le metteur en scène Éric Didry et sa collaboratrice artistique Véronique Timsit viennent de créer à partir du même texte, à la Scène nationale d’Annecy, avant de partir en tournée sur les routes de France. Retranscription de l’entretien que Claude Lanzmann eut avec Maurice Rossel, alors que le réalisateur tournait Shoah, Un Vivant qui passe nous permet d’assister à une entrevue de la plus haute intensité sur les conditions et les implications des visites qu’effectua le médecin suisse à Auschwitz et à Theresienstadt, durant la Seconde guerre mondiale. Devant un mur peint figurant l’intérieur bourgeois de l’interviewé, Nicolas Bouchaud (Maurice Rossel) et Frédéric Noaille (Claude Lanzmann) s’emparent de ce sujet grave avec une volonté manifeste d’incarnation et de fluidité. Comme si l’un et l’autre faisaient tout pour éviter de tomber dans la gravité de ce témoignage d’exception.
Un sujet qui oblige
Plutôt que de chercher à faire naître la tension sourde, l’asphyxie progressive que révèlent les images filmées de cet échange policé mais ferme – long moment suspendu dont les silences se révèlent lourds de sens – les deux acteurs se lancent dans un jeu du chat et de la souris. Parfois debout, parfois assis, chantant et dansant à l’occasion, Nicolas Bouchaud et Frédéric Noaille ne trouvent pas le ton et la présence qui pourraient rendre compte d’un sujet qui, évidemment, oblige. Infamie du sous-texte, des arrière-pensées, radicalité d’un face-à-face que Claude Lanzmann mène d’une main de maître, Un Vivant qui passe nous place devant un homme qui n’a pas voulu voir et dénoncer la mise en scène que les nazis avaient organisée pour sa vue à Theresienstadt. Plus de 30 ans après les faits, il répand encore des propos qui tiennent du plus pur antisémitisme. On devrait être en apnée durant une rencontre d’une telle valeur et d’une telle complexité. Mais le spectacle avance sans qu’aucune paralysie ne s’impose.
Manuel Piolat Soleymat
Du mardi au vendredi à 20h30, le samedi à 16h30 et 20h30, le dimanche à 16h30. Relâche les 11 et 12 octobre. Spectacle vu à Bonlieu – Scène nationale d’Annecy, le 21 septembre 2021. Durée de la représentation : 1h30. Tél. : 04 72 77 40 00. www.theatredescelestins.com
Également du 2 décembre 2021 au 7 janvier 2022 au Théâtre de la Bastille avec le Festival d’Automne à Paris, du 18 au 22 janvier au Théâtre de Vidy à Lausanne, les 3 et 4 février à la Nouvelle Scène nationale de Cergy-Pontoise, du 9 au 12 février à La Comédie de Clermont-Ferrand, du 22 au 24 février à La Comédie de Caen, du 2 au 4 mars au Théâtre national de Nice, les 22 et 23 mars à la Scène nationale de Saint-Nazaire, du 29 au 31 mars puis les 8 et 9 avril au Théâtre Garonne à Toulouse, les 4 et 5 avril au Théâtre du Bois de l’Aune à Aix-en-Provence.
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