Des putains meurtrières d’après Roberto Bolaño, mise en scène Julie Recoing
Julie Recoing adapte Roberto Bolaño, l’une [...]
Dans la Salle Copi du Théâtre de la Tempête, elles dansent, chantent, rient, papillonnent, crient, se chamaillent en sondant le thème de la fatigue. Écrit et mis en scène par Ludmilla Dabo, ce spectacle musical haut en couleurs explose les carcans des discours bien construits pour faire naître un théâtre qui tourbillonne.
Son langage n’est pas celui des longues démonstrations et des développements académiques. Libre, pimpante, lumineuse, Ludmilla Dabo investit la scène à travers tout ce que celle-ci peut offrir d’exploratoire ou d’expansif. Et même lorsqu’il s’agit de s’emparer d’un sujet aussi austère que celui de la fatigue, la comédienne-autrice-metteuse en scène cherche et trouve les voies d’un théâtre qui lui permet d’exprimer le feu de son tempérament. Dans My Body is a Cage, spectacle bigarré aux accents de cabaret, cinq femmes se déhanchent et se déchaînent pour dire leur manque d’énergie. Ces cinq show-girls — aux styles et aux personnalités hétéroclites — se frottent à ce parti-pris paradoxal pour faire du plateau le lieu de croisement de performances vocales, musicales, humoristiques, corporelles… Des artifices de l’ultra-féminité à un dépouillement plus intimiste, elles mettent tout en œuvre pour que ce « Fatigue Circus » déborde de la scène et établisse un lien de connivence avec le public.
Paillettes, strass et boule à facettes
Anne Agbadou Masson, Alvie Bitemo, Ludmilla Dabo, Malgorzata Gosia Kasprzycka et Aleksandra Plavsic ne se contentent pas de faire leur numéro entre elles, de leur côté. Elles circulent entre plateau et gradin, interpellent spectatrices et spectateurs, se confient à certains, plaisantent avec d’autres, en questionnent quelques-uns. La teneur des réponses apportées par l’assistance est de peu d’importance. Ce qui compte ici, c’est la portée du geste, la sincérité de l’inspiration. Fragmenté, drôle, singulier, My Body is a Cage s’obscurcit peu à peu pour cerner avec plus d’âpreté les fragilités des personnages qui nous tendent un miroir. Et si des longueurs viennent émousser la seconde partie de la représentation, elles sont le pendant d’une mise en scène qui ne cède pas à la demi-mesure. Cette ode au relâchement a les défauts de ses qualités. Rieuse et impétueuse, elle va jusqu’au bout de sa frénésie. C’est ce qui fait son charme. Ludmilla Dabo et ses partenaires de jeu nous tendent les bras sans jamais s’économiser. Elles nous transportent dans les mouvements virevoltants de leur joie et de leurs défaillances.
Manuel Piolat Soleymat
Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30. Durée de la représentation : 1h40. Tél. : 01 43 28 36 36. www.la-tempete.fr.
Également du 13 au 16 octobre 2021 au Théâtre de La Croix-Rousse, du 9 au 12 novembre à La Comédie de Caen, les 4 et 5 février 2022 au Théâtre de Villefranche, le 8 mars 2022 à La Scène nationale de Sète.
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