Purple Rain de Pierre Ardouvin installe ses visiteurs sous une pluie violette, originale et déroutante.
Créée pour la Nuit Blanche 2011 et présentée [...]
Tomas Stockmann, médecin de la ville dirigée par son frère, découvre que l’eau des bains est polluée. Guillaume Gras met en scène la radicalisation de ce lanceur d’alerte et la servitude volontaire de ceux qui, hier comme aujourd’hui, préfèrent le silence à la responsabilité.
« C’est peu dire que le texte d’Ibsen résonne aujourd’hui ! Un médecin découvre que l’eau des bains qui font la fortune de sa ville est polluée. Son discours est décrédibilisé par son frère, maire de la ville, qui craint pour sa prospérité. Comment ne pas y retrouver l’actualité et la remise en question du discours des sachants, pendant la crise sanitaire, par des arguments qui n’ont rien à voir avec la science, sur fond de populisme ? Comment ne pas y retrouver, plus généralement, la situation écologique où personne n’est prêt à accepter les efforts nécessaires alors que nous savons que nous allons dans le mur ? Le médecin Stockmann, lanceur d’alerte avant que ce terme n’existe, n’est pas soutenu dans son combat et perd tout. Le peuple est conscient de la gravité de la situation, mais laisse faire quelques dirigeants qui l’infantilisent.
Réveillons-nous !
La scénographie se réduit à une table à accessoires. Le dispositif quadrifrontal empêche, à dessein, l’illusion théâtrale : le public est avec les acteurs. Le combat entre le médical et le politique est ainsi mis à hauteur d’action, comme si les spectateurs pouvaient impacter cette histoire. Stockmann se radicalise parce que les autres le laissent seul. Par notre silence, nos peurs qui entravent nos décisions, notre manque d’audace, nous participons à sa dérive. Le dispositif quadrifrontal suggère cette responsabilité de tous. Lorsque les comédiens se lèvent des chaises où ils sont assis au milieu des spectateurs, ils sont nous et nous sommes eux. Et ce, quelle que soit la place que l’on occupe autour de la scène, et donc dans la société. Cette société décrite par Ibsen est la nôtre. Ce monde qui court à sa perte sans que personne ne réagisse, c’est le nôtre. Ces hommes devenus spectateurs de leur propre impossibilité à agir, c’est nous. Nous jouons cette pièce comme une alerte : osons faire ! »
Propos recueillis par Catherine Robert
Le mardi à 19h ; mercredi et jeudi à 21h15. Tél. : 01 48 06 72 34
Créée pour la Nuit Blanche 2011 et présentée [...]