Nous, les petits enfants de Tito
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Serge Tranvouez porte à la scène le roman de Patrick Chamoiseau dans une adaptation de José Pliya. Un chemin initiatique interprété par la comédienne Laëtitia Guédon et le beatboxer Blade MC Alimbaye.
Quel parcours de vie Un Dimanche au cachot révèle-t-il ?
Serge Tranvouez : Le parcours d’une jeune esclave, L’Oubliée, qui découvre sa force de résistance suite à un enfermement dans un cachot de pierre. Dans ce lieu privé de lumière, elle apprend à maîtriser sa peur et les forces occultes. Cette esclave, qui est niée dans son identité, va faire le chemin de l’individuation. En sortant du cachot elle deviendra plus qu’une personne : un symbole.
Quels grands questionnements se font jour, dans ce texte, à partir du thème de l’esclavage ?
S.T. : L’œuvre de Patrick Chamoiseau est bien plus qu’une œuvre de mémoire ou de dénonciation des dérives du passé. L’esclavage n’a pas détruit un peuple, mais est fondateur d’une nouvelle identité : la créolité. Pour lui l’esclave, assujetti au maître, est privé de rapport à l’espace et au temps. C’est de cette image du chaos que naît l’espace-temps créole. Il sera nommé « chaos-monde » par Edouard Glissant. L’autre grand thème abordé est celui de l’humanité comme concept. A la fin du texte, la jeune femme dit : « Il subsiste de l’humain au plus profond du déshumain ». C’est la question fondamentale qui se pose depuis la Shoah et les guerres génocidaires du 20ème siècle. Peut-il y avoir encore un espoir en l’homme quand il est capable d’anéantir son semblable ?
« L’esclavage n’a pas détruit un peuple, mais est fondateur d’une nouvelle identité : la créolité. »
Vous investissez ce roman à travers une mise en scène minimaliste…
S.T. : J’ai choisi de travailler sur la notion d’enfermement mental plutôt que de chercher à représenter physiquement le cachot. Cet enfermement peut être celui de chacun de nous quand nous ne parvenons pas à nous libérer de nos peurs profondes. L’espace est un carré de sable et de pierres circonscrit par la lumière. Par convention, l’actrice ne peut en sortir tant qu’elle n’a pas trouvé l’apaisement et la maîtrise de la langue qui lui permet de nommer son mal et de le dépasser. Tout l’enjeu est de faire entendre une voix qui se bat dans la nuit. De faire entendre, aussi, la poétique si singulière de Patrick Chamoiseau. Ce spectacle renvoie à un théâtre-récit, un théâtre-conte.
Quel rôle joue le beatboxer Blade MC Alimbaye ?
S.T. : Le spectacle est pensé comme un dialogue continu entre le texte et la musique, qui n’est jamais illustrative. Elle est une autre voix et une autre voie, une véritable altérité qui ouvre sur un ailleurs pour l’imaginaire.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Le lundi, le mercredi et le vendredi à 20h ; le jeudi à 19h ; le samedi à 18h ; le dimanche à 16h. Durée de la représentation : 1h. Tél. : 01 43 90 11 11. www.theatre-quartiers-ivry.com
Reprise au TARMAC les 11 et 12 juin à 20 h. Rens : 0143648080 http://www.letarmac.fr/la-saison/spectacles/p_s-un-dimanche-au-cachot/spectacle-155/
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