Dans la République du bonheur
Dans sa dernière pièce, l’auteur britannique [...]
Jacques Bonnaffé met en scène et interprète, aux côtés d’Olivier Saladin, Trente-six nulles de salon de Daniel Cabanis. Trente-six vignettes poético-absurdes sur la vie en général, et le quotidien en particulier.
Qui sont les deux personnages qui se font face dans Trente-six nulles de salon ?
Jacques Bonnaffé : Ce sont deux hommes qui s’appellent tous les deux Mario. On ne sait pas grand-chose à leur sujet. On peut imaginer qu’ils sont jumeaux, mais rien ne dit qu’ils sont frères. Ils habitent les mêmes murs. Ce sont des Bouvard et Pécuchet à la petite semaine. Leur vie éclate par le non-sens…
Sur quel mode de fonctionnement se fonde leur relation ?
J. B. : J’aurais envie de dire : ils se détestent, ils se détruisent, donc ils s’adorent ! Mario et Mario cuisinent ensemble leur vie commune. Ils trouvent toutes sortes de petits arrangements. Car au bout de tant d’années d’exécration, si l’un des deux partait en claquant la porte, ce serait un drame insurmontable pour l’autre. Ils ne peuvent pas se séparer.
« Ils se détestent, ils se détruisent, donc ils s’adorent ! »
Que mettent en jeu leurs conversations ?
J. B. : Des problèmes de la vie d’aujourd’hui. Il y a d’abord un premier lot de conversations qui se compose de médisances, puis un deuxième qui renvoie à des sujets ayant trait à l’art, à la littérature, à la philosophie, à la connaissance… Et puis s’agrègent à cela quelques propos mortifères qui viennent satisfaire le goût pour le morbide que partagent beaucoup d’entre nous ! C’est la vie de tous les jours qui s’exprime à travers eux. Mario et Mario posent des grandes questions ordinaires sur aujourd’hui. Des questions à hauteur de fenêtre, à hauteur d’appartement.
Quel type d’humour traverse ce spectacle ?
J. B. : Il y a une façon bien élevée de dire ce qu’il ne faut pas dire, et une façon plus sauvage, qui fait penser aux terrains vagues, à la mauvaise herbe. Disons que Trente-six nulles de salon appartient à la seconde catégorie. Ce texte s’enfonce dans les sentiers hasardeux de l’humour, les sentiers touffus, broussailleux.
Quelle a été, pour ce spectacle, votre principale ambition de mise en scène ?
J. B. : J’ai voulu éviter le plateau nu où s’échangent des bons mots. Daniel Cabanis a écrit un texte, pas une fantaisie pour deux acteurs. J’ai donc demandé à la plasticienne Anne-Flore Cabanis – qui n’a aucun lien de parenté avec l’auteur – de travailler sur la scénographie. Durant la représentation, Mario et Mario construisent quelque chose en kit, une sorte de pergola. Mais cela ne marche pas, la construction se transforme en autre chose. Finalement, tout en dialoguant, ils se piquent de réaliser une œuvre d’art à la maison…
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Du mardi au dimanche à 18h30. Relâches les lundis et le 11 novembre. Tél. : 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.fr.
Dans sa dernière pièce, l’auteur britannique [...]