Grito / Je crie
Après son Polyptyque Escalante, projet [...]
En 2016, le Tarmac inaugurait avec l’Afrique ses « Traversées », temps dédié à la programmation de spectacles construits ou pensés entre l’ici et l’ailleurs. Avec dix spectacles, ce sont cette année les frontières entre Occident et monde arabe qui sont données à voir autrement. À travers un échange créatif.
Directrice du Tarmac, Valérie Baran employait la saison dernière une fort jolie expression pour présenter son cycle « Traversées africaines » : celle d’« invitation à jouer à saute-frontière ». Autrement dit, à dire par le théâtre la possibilité d’un échange constructif entre Afrique et Occident. D’une répartition équitable des richesses et d’un apaisement des tensions héritées de l’époque coloniale. Le monde arabe étant aujourd’hui victime d’un traitement médiatique souvent simpliste et en partie mensonger, c’est aux pays qui le constituent que s’attachent cette année les « Traversées » du Tarmac. Pendant plus d’un mois, la Syrie, l’Algérie, le Liban et le Maroc croiseront sur le plateau de la scène internationale francophone la France et ses voisins occidentaux à travers dix formes et récits singuliers, reflets des identités voyageuses des artistes invités. De leurs tragédies pour certains, mais avant tout de leur ouverture.
Enjambées méditerranéennes
Parmi eux, le metteur en scène, comédien et journaliste belge Mickaël De Cock, qui travaille depuis une vingtaine d’années sur l’immigration à partir d’interviews avec des réfugiés, des demandeurs d’asiles et des primo-arrivants. Installé pour l’occasion place de la Réunion, à quelques rues du théâtre, son véhicule qui sert à la fois de salle et de décor au spectacle Kamyon ouvrira le festival par une expérience immersive et poétique. Une traversée des frontières racontée par une petite fille, ligne de départ d’une programmation largement féminine. On retrouvera en effet Yumna Marwan et Rania Al Rafei, danseuses libanaises découvertes lors du dernier festival d’Avignon avec Fatmeh de Ali Chahrour. On verra Amal Ayouch s’approprier les mots de La Civilisation ma mère !… du romancier marocain Driss Chraïbi ou encore la comédienne franco-marocaine Boutaïna El Fekkak interpréter Galilée dans le spectacle de Frédéric Maragnani. Comme ce dernier, Marc-Antoine Cyr, Julien Bouffier, Henri Jules Julien, Éric Deniaud et Cédric Gourmelon osent se décentrer pour lutter contre les préjugés et l’obscurantisme. Pour un métissage beau et constructif.
Anaïs Heluin
Le Tarmac, 159 avenue Gambetta, 75020 France. Du 21 février au 31 mars 2017. Tel : 01 43 64 80 80.