PACIFIKMELTINGPOT
Régine Chopinot nous raconte l’histoire de sa [...]
En s’immergeant dans une culture post-internet où la danse se transmet par les réseaux sociaux, (LA)HORDE pose la question du passage au plateau et joue la carte de la transposition.
Comment faire d’une danse de 10 à 25 secondes une pièce chorégraphique ? Comment faire d’un pas transmis individuellement sur la toile une pièce collective ? Comment mettre au jour des pratiques, issues de la culture techno-hardcore, dans les codes de la danse contemporaine ? Le collectif (LA)HORDE, conduit par Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel, s’intéresse depuis sa création en 2011 aux pratiques gestuelles qui circulent sur internet, et à la façon dont le corps s’implique dans un espace compris entre la réalité et la virtualité. Pour To Da Bone, ils se sont intéressés au jumpstyle, à la fois genre musical et danse né dans les clubs du nord de l’Europe. Mais surtout, c’est la manière dont les pas – petites séquences de sauts accompagnés d’un jeu de jambes précis – se sont propagés via des tutoriels sur internet et ont fédéré une vaste communauté, qui sert de point de départ à leur recherche. Sur scène, ils ont réuni seize jumpers venus de France, de Pologne, d’Ukraine, d’Allemagne, de Hongrie, de Belgique et du Québec. Après une séquence d’exposition où la communauté se forme sous nos yeux dans un face-à-face public provocant, les voilà qui s’engagent dans une chorégraphie d’ensemble ultra-bondissante, en un unisson saisissant.
Maîtrise des codes du plateau
Virtuose, réglée au millimètre, au rythme de cris d’encouragement, leur danse évolue ensuite dans des diagonales, des sous-groupes, des espaces mouvants savamment composés. Une organisation militaire troublante que nous montre cette jeunesse éprise de passion et de liberté ! Le spectacle évolue cependant, et la démonstration de force laisse place à la parole, où l’on peut appréhender la flamme qui anime ces danseurs autodidactes et connectés. Changeant de registres, avec une rupture dans un spectaculaire retour au réel et au hors-champ, (LA)HORDE montre une belle maîtrise des codes du plateau lorsqu’il s’agit de transposer cette communauté sur une scène de danse. Attention toutefois à ne pas rester à la surface quant à l’aspect politique de ces démarches, quand l’agitation d’une jeunesse qui martèle le sol, et son engagement, ne sont qu’effleurés. La séquence de fin rattrape de façon heureuse celle de l’embrigadement du début, montrant des corps qui exultent dans le plaisir et la liberté de la danse.
Nathalie Yokel
à 20h30. Tél. : 04 50 33 44 00
TAP, 1 boulevard de Verdun 86000 Poitiers. Le 23 mars 2018 à 21h. Tél. : 05 49 39 29 29.
Maison Folie Wazemmes, 70 rue des Sarrazins, 59000 Lille. Le 28 mars 2018 à 19h. Tél. : 03 20 20 70 30.
Le 19 mai 2018 au Théâtre des Abbesses dans le cadre de Chantiers d’Europe, le 22 mai 2018 Le Parvis, scène nationale de Tarbes Pyrénées.
Spectacle vu à la MAC Créteil
Régine Chopinot nous raconte l’histoire de sa [...]