The Old Woman

La carrière de Robert Wilson en France est étroitement liée à sa présence régulière au Festival d’Automne à Paris. En 40 ans, le célèbre metteur en scène a présenté vingt-quatre créations dans le cadre de la manifestation artistique fondée par Michel Guy : d’Ouverture en 1972 avec Madeleine Renaud à Lulu en 2011 avec Lou Reed, en passant par Edison en 1979, Goldenen Fenster en 1982, The Black Rider  en 1990, Quartett en 2006… Cette année, le Festival d’Automne met de nouveau le travail de l’artiste américain à l’honneur, avec pas moins de quatre propositions : Living Rooms au musée du Louvre, Einstein on the beach au Théâtre du Châtelet, Peter Pan et The Old Woman au Théâtre de la Ville. Réunissant sur scène deux grands noms de la danse et du cinéma – Mikhail Baryshnikov et Willem Dafoe – cette dernière création nous transporte dans le monde absurde et satirique du poète russe Daniil Harms (1905-1942).

Une quête des extrêmes

Stylisation extrême, puissance de l’image, onirisme dramaturgique, radicalité de la présence en scène… L’univers de Robert Wilson – poétique et fantasque – est reconnaissable entre tous. Avec l’aide de l’écrivain Darryl Pinckney, le metteur en scène adapte aujourd’hui The Old Woman, une échappée extravagante, burlesque, au sein de laquelle Mikhail Baryshnikov et Willem Dafoe incarnent deux êtres grimés et vêtus de façon identique. Seule une mèche de cheveux (que l’un porte à gauche, l’autre à droite) permet de les différencier. « Travailler avec Bob Wilson n’est pas tâche aisée, confesse Mikhail Baryshnikov. Vous êtes acteur de film muet, et l’instant d’après vous devenez comédien de vaudeville ou interprète de Nô. A cela s’ajoute la mise en scène et le jeu de lumière précis de Bob. D’une certaine manière, c’est restrictif, mais en fin de compte il donne à ses interprètes la liberté de découvrir les extrêmes qu’il recherche. » Ces extrêmes, d’une beauté souvent saisissante, rendent compte de l’un des grands parcours de mise en scène de notre époque.

Manuel Piolat Soleymat