Thaïs

En cette saison où le répertoire français est largement présent, l’?uvre de
Jules Massenet a tout naturellement sa place. Moins populaire que ses devanciers
Manon et Werther, sinon pour la célèbre Méditation pour
violon et orchestre qui tient lieu d’intermezzo au deuxième acte, Thaïs
est l’un des trois opéras de Jules Massenet à s’être maintenus à l’affiche
depuis sa création. L’histoire de la courtisane d’Alexandrie est prétexte au
déploiement de couleurs luxuriantes, évocation d’un orient post-flaubertien en
parfait accord avec le roman d’Anatole France où Massenet et son fidèle
librettiste Louis Gallet ont puisé leur inspiration. Mais l’opéra vaut avant
tout pour le rôle qu’il offre au personnage éponyme. Succédant à ses
compatriotes Sybil Sanderson, créatrice du rôle en 1894, puis Mary Garden,
l’Américaine Renée Fleming est aujourd’hui l’une des plus parfaites
incarnations, tant vocale que physique, de Thaïs. Même en version de concert, la
grande soprano sait habiter ses rôles et les spectateurs de cette représentation
sans mise en scène focaliseront sans doute leur attention sur la prestation de
la diva. Elle aura à ses côtés l’Orchestre de Paris et son directeur musical
Christoph Eschenbach, qui possède, comme pianiste et comme chef, l’art de
l’accompagnement vocal.