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Danse - Gros Plan

Suresnes Cités Danse

Suresnes Cités Danse - Critique sortie Danse
Crédit photo : Laurent Philippe Légende photo :Hiroaki Umeda, invité de Suresnes Cités Danse

Publié le 10 janvier 2010

Pour sa 18ème édition, le festival garde le cap d’une programmation qui allie hip-hop et création contemporaine.

Dix-huit ans, c’est-à-dire encore à l’orée de la vie, passé les candeurs pagailleuses de l’enfance et les impatiences d’adolescence : « Suresnes Cités Danse » a grandi avec le mouvement hip-hop, qui s’est propagé en France au tournant des années 90 comme une rageuse poussée de fièvre forçant le gris béton des banlieues. Depuis, il a bousculé bien des préjugés et des étiquettes, osant miser sur les rencontres et les frictions entre hip-hopeurs et chorégraphes contemporains. L’édition 2010 garde le cap tout en saluant l’évolution d’une danse qui a peu à peu conquis les plateaux. Elle s’ouvre avec une Carte blanche à Kader Attou, fidèle du festival et premier chorégraphe issu du hip-hop nommé à la direction d’un Centre chorégraphique national, à La Rochelle. « Kader a su ouvrir le hip-hop, le confronter à diverses esthétiques pour l’enrichir, confie Olivier Meyer, directeur du Théâtre de Suresnes. Sa recherche me touche beaucoup. Il puise la matière de ses créations dans son histoire, dans ce qui le constitue. » Avec Trio, il fouille au cœur de sa mémoire pour tirer les fils d’histoires identitaires, avec pudeur et générosité. D’autres fidèles jalonnent la programmation. Ainsi de Blanca Li, qui s’unit sous le signe du burlesque avec le collectif Jeu de Jambes, pionnier du jazz-rock. Ou de Sébastien Lefrançois, qui a tressé Ficelle d’encre en assemblant danseurs français et marocains. Et bien sûr de Mourad Merzouki, nouvellement nommé au CCN de Créteil, qui refermera cette édition avec trois pièces : Correria, D Chaussée et Agwa, soit trois facettes de son art de la scène.
 
L’invention par la rencontre
 
Raphaëlle Delaunay revient cette année avec Bitter Sugar, qui croque joyeusement dans l’histoire du jazz quelques précieux morceaux tirés des danses noires des années 20 qu’elle mêle au son électro et à l’exubérance afro-américaine. Quant à Pierre Rigal, il reprend Asphalte, créé ici l’an dernier et donné maintenant dans une version développée. Cette fascinante virée urbaine, comme un road-movie chorégraphique à travers les banlieues, est menée par cinq bombes d’énergie, jouant de l’ambivalence des images et des oppositions pour déboulonner de prégnants clichés. Une énergie affutée par B-Boy Junior en première partie, avec BuanTttide qui cogne souvenirs intimes et réalité africaine. Commandes originales du festival, les « Cités danse variations » invitent cette année le performer japonais Hiroaki Umeda et le chorégraphe Sylvain Groud à créer chacun une pièce de trente minutes avec des danseurs recrutés sur audition. « Ils se choisissent ainsi réellement mutuellement », explique Olivier Meyer, qui a mis en œuvre ce principe pour favoriser « l’invention par la rencontre. ». Enfin, les deux programmes de « Cités danse connexions » offrent une visibilité au patient travail de transmission accompli tout au long de l’année lors des ateliers et master class au Théâtre de Suresnes. Avec 8 créations, 9 chorégraphes, 27 représentations et 75 danseurs, l’édition 2010 témoigne ainsi de la vitalité d’un genre qui ne cesse de s’inventer, passionnément.
 
Gwénola David


Suresnes Cités Danse, du 8 au 31 janvier 2010, au Théâtre de Suresnes Jean Vilar, 16 place Stalingrad, 92150 Suresnes. Rens. 01 46 97 98 10 et www.suresnes-cites-danse.com. Navette gratuite au départ de Paris (angle de l’avenue Hoche et de la place Charles de Gaulle-Etoile), 45 mn précises avant l’heure de la représentation. Retour assuré après la représentation.

A propos de l'événement


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