François d’Assise
Le Théâtre des Quartiers d’Ivry reprend le [...]
Pour sa nouvelle création, Jean-Michel Ribes redonne la parole à deux personnages issus de l’un de ses anciens spectacles : Musée haut, musée bas. Une promenade sur les sentiers de l’absurde, servie par un talentueux duo de comédiens.
On se souvient, en 2004, de la création de Musée haut, musée bas au Théâtre du Rond-Point. Dans ce spectacle maniant raillerie et caricature, Jean-Michel Ribes prenait le parti du dessin à gros traits pour pointer du doigt le ridicule de certains conformismes et faux-semblants contemporains. Cela, en nous guidant à travers les différents espaces d’une grande institution muséale, au sein de laquelle nous pouvions notamment faire la connaissance d’un couple d’œuvres d’art vivantes : Sulki et Sulku. Ces personnages interprétés, à l’époque, de façon maladroite par Jean-Damien Barbin et Micha Lescot, renaissent aujourd’hui sous un jour beaucoup plus subtil. Et plus drôle. Ce sont Romain Cottard et Damien Zanoly qui incarnent ces deux êtres loufoques et imaginatifs dans Sulki et Sulku ont des conversations intelligentes (texte édité aux Editions Actes Sud – Papiers). Ils forment, au sein de la nouvelle pièce écrite et mise en scène par Jean-Michel Ribes, un duo comique d’une grande exigence. Pas question pour eux de se laisser aller à quelque facilité ou effet de manche. Aigus, précis, d’une cocasserie à la fois libre et recherchée, les deux comédiens nous gagnent à la cause du monde burlesque dans lequel vivent leurs personnages.
Quand burlesque rime avec exigence
Un monde traversé par des bouffées d’imaginaire surréalistes. Sulki et Sulku échangent, discutent, dévoilent récits et pensées fantasques. On apprend ainsi que Sulki croise régulièrement le pape – le matin, à l’heure de l’ouverture du magasin – au rayon croquettes pour chat de son supermarché. On partage, à l’occasion d’un voyage en montgolfière, le bonheur qu’éprouvent les deux œuvres d’art à s’éloigner du monde, se coupant de la sphère des opinions pour jouir de celle des idées. On suit l’histoire du cousin de Sulki, Georges, qui s’est mis du jour au lendemain à uriner de l’essence. Ou celle de la tante de Sulku, Feodora Plastikova, qui, bien qu’originaire de Limoges, comme l’ensemble de sa famille, est russe… Ce concentré d’absurde nous promène, en une heure quinze, sur toutes sortes de sentiers inattendus. Romain Cottard et Damien Zanoly remplissent haut la main le contrat de la drôlerie. Mais ils vont même plus loin, touchant par instants au domaine du poétique. C’est là leur grande réussite. Parvenir à faire se rejoindre les excès du grotesque et l’intelligence du sensible.
Manuel Piolat Soleymat
à 21h. Le dimanche à 15h30, relâche les lundis ainsi que les 11 et 14 novembre. Représentations supplémentaires les samedis 25 novembre, 2 et 9 décembre à 15h30. Durée du spectacle : 1h15. Tél. : 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.fr.
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