La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Stéphane Olivié Bisson

Stéphane Olivié Bisson - Critique sortie Théâtre
Crédit : DR

Publié le 10 octobre 2010

Un homme au-dessus du vide

Un jeune prince épris d’absolu rejette le pouvoir dont il a hérité et le ridiculise. Stéphane Olivié Bisson met en scène la version primitive de Caligula d’Albert Camus avec, dans le rôle-titre, le comédien Bruno Putzulu.

« On se fait souvent une image immobile, raidie, sentencieuse du théâtre d’Albert Camus. Cette image ne correspond pas du tout à ce qui m’intéresse dans cette œuvre. En mettant en scène la première version de Caligula, version méconnue qui date de 1941, je souhaite m’éloigner de ce cliché pour montrer un tout autre visage de cet auteur. Cette première version — contrairement aux versions ultérieures, écrites après la guerre, à travers lesquelles Camus a cherché à tirer sa pièce vers une dimension plus politique, notamment afin d’échapper à l’ombre portée d’Hitler — révèle des aspects poétiques, philosophiques, mais aussi charnels et corporels, aspects que l’on associe rarement à l’univers de Camus. N’oublions pas qu’il définissait lui-même le théâtre comme “une histoire de grandeur dansée par des corps”. Il y a quelque chose de très libre dans ce Caligula de jeunesse, comme si l’auteur s’était laissé déborder par son personnage, comme s’il se laissait aller à nous faire des confidences sur ses failles intimes.
 
Le drame du premier esprit libre de l’histoire du monde
 
Cette pièce met en scène un homme investi du pouvoir suprême qui s’acharne à vouloir atteindre l’absolu, convaincu de pouvoir l’approcher. Dépassant les notions de bien et de mal, il détruit tout dans l’espoir de toucher une forme d’au-delà. Caligula, c’est le dialogue d’un être au-dessus du vide, un être n’écoutant et n’entendant rien autour de lui. Lorsque j’ai rencontré Bruno Putzulu sur un plateau de cinéma, il y a quelques années, nous nous sommes mis à parler de théâtre, et il m’a avoué qu’il rêvait de jouer ce rôle. Je lui ai moi-même alors dit que j’avais depuis longtemps envie de mettre en scène cette pièce. C’est très naturellement que je lui ai proposé d’interpréter Caligula lorsque mon projet s’est concrétisé. Bruno Putzulu possède une aptitude au déséquilibre, un sens rare du funambulisme et des ruptures, des qualités qui me paraissent essentielles pour l’incarnation de ce personnage. »
 
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat


Caligula, d’Albert Camus (version de 1941) ; mise en scène de Stéphane Olivié Bisson. Du 4 au 6 novembre 2010, à 20h30. L’Avant-Seine de Colombes, 88, rue Saint-Denis, 92700 Colombes. Réservations au 01 56 05 00 76.

Reprise le 19 novembre 2010 à la Scène nationale de Macon, le 13 janvier 2011 au Théâtre Victor-Hugo de Bagneux, le 15 janvier à la médiathèque de Taverny, du 20 janvier au 5 février à L’Athénée Théâtre Louis-Jouvet, du 8 au 11 février à la Comédie de Picardie, le 15 février au Théâtre d’Abbeville, le 17 février à L’Eclat de Pont-Audemer, le 8 mars au Théâtre Roger-Barat d’Herblay, du 22 au 26 mars, au Théâtre national de Nice, le 7 avril au Théâtre de Cachan, les 28 et 29 avril au Théâtre Alexandre-Dumas de St-Germain-en-Laye.

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