La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Stanislas Nordey

Stanislas Nordey - Critique sortie Théâtre
Légende : Stanislas Nordey Crédit photo : Théâtre du Rond-Point/Théâtre du Nord

Publié le 10 mai 2012 - N° 198

Lier le poétique et le politique

Récemment à l’affiche à la Colline avec Se trouver de Pirandello, Nordey est de retour dans l’actualité avec deux mises en scène : My Secret Garden (2010) de Falk Richter et Incendies (2007) de Wajdi Mouawad.

« Incendies comme My Secret Garden parlent du monde, comme tout ce que je monte. »

Incendies  et My Secret Garden sont deux œuvres radicalement différentes, la première collant assez peu à l’image qu’on se fait de votre travail. Comment s’opèrent vos choix ?

Stanislas Nordey : Je lis énormément et je m’identifie à un projet bien plus via mon coup de cœur pour l’écriture que pour le thème de l’œuvre. En fait, je ne me dis jamais que j’ai envie de parler de quelque chose en particulier et mes choix se font beaucoup par les liens que j’ai avec les auteurs. C’est une inflexion significative pour moi après un long chemin où j’avais pris l’habitude de tout porter tout seul. Dans le fond, je crois que je rêve d’une collaboration étroite à l’image d’un Chéreau/Koltès ou d’un Jouvet/Giraudoux.

Mais ces écritures aussi sont très différentes, il n’y a donc pas, contrairement à ce qu’on pourrait croire, un type d’écriture qui vous convient en particulier ?

S.N. :  Wajdi développe une écriture éloignée de mon univers, pour le dire rapidement, une écriture qui n’est pas trouée.  Mais c’est important de s’exiler sur des territoires inconnus pour troubler son écriture de scène. En fait, metteur en scène n’est pas un métier très difficile. Après cinq ou six mises en scène, on a un savoir-faire qu’il convient de remettre en cause.  Incendies a d’ailleurs modifié des choses dans mes spectacles suivants. L’enjeu de la fable pour Wajdi a bougé quelque chose chez moi.

Quitte à effacer les particularités de votre écriture scénique ?

S.N. : Dans Incendies, je n’ai pas l’impression de m’être effacé. Mais Wajdi inscrit dans son écriture un rapport direct de l’acteur au spectateur et il ne faut pas aller contre ça. De même que j’ai laissé plus de place que d’habitude à l’émotion, alors que j’ai l’habitude d’être plus contenu sur ce point.

Existe-t-il quand même un fil rouge dans votre démarche ?

S.N. : Il me semble qu’Incendies comme My Secret Garden parlent du monde, comme tout ce que je monte. J’essaie toujours de créer un lien entre le poétique et le politique.

My Secret Garden, comme son titre l’indique, est-elle aussi une œuvre intime ?

S.N. : Le texte est parti du journal intime de Falk qu’il nous a amené en répétition.  Je lui ai dit : « écris un texte que tu n’écrirais pas en Allemagne », et il n’a d’ailleurs pas voulu qu’il soit publié là-bas. C’est un texte qui parle du monde et qui est aussi assez impudique, c’est sans doute le texte qui lui ressemble le plus. Dans la vie, Falk Richter, c’est un Woody Allen.

Propos recueillis par Eric Demey


Incendies de Wajdi Mouawad  du 30 avril au 27 mai au Théâtre des Quartiers d’Ivry, 1 rue Simon Dereure à Ivry/Seine. Tel : 01 43 90 11 11

My Secret Garden  de Falk Richter du 9 au 13 mai au Théâtre du Nord, 4 place du Général de Gaulle  à Lille. Tel : 03 20 14 24 24

A propos de l'événement


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