« A new Sketches of Spain » : Israel Galván plonge sa nouvelle création dans la musique de Miles Davis avec le trompettiste prodige Michael Leonhart
Au Festival Montpellier Danse, Israel Galván [...]
Cette création de la chorégraphe irlandaise Oona Doherty ouvre un nouveau registre dans son travail, avec une forme de danse-théâtre encore inconnue en France, et très réussie.
Le décor un peu usé pourrait venir du théâtre de boulevard, tandis que surgissent des monstres qui hantent les cauchemars d’enfants, l’un vêtu d’un superbe jogging rouge avec un masque démoniaque, l’autre noir et poilu qui emmène ce que l’on suppose (à raison !) être la mère du « petit » « Edward » Speck devenu Specky, et le troisième, sorte d’épouvantail ou de figure du fou avec son entonnoir de paille sur la tête.
Très théâtrale, la pièce d’Oona Doherty repose beaucoup sur le récit, à teneur autofictionnelle, qui la compose. « Edward James Doherty est né à Glasgow. Il n’avait pas plus de dix ans. Il a été envoyé. Tout seul. Sur un bateau. Pour vivre avec la famille Clark. À Belfast. » dit une voix off. Voici donc le petit Edward Speck devenu Specky installé chez les tantes Clark elles-mêmes qui l’envoient bosser à l’abattoir. Dans ce monde où l’on passe de vie à trépas, où la mort et le sang sont l’ordinaire, Specky doit survivre et n’a que la danse pour mode d’existence. Quand arrive Halloween / Samhain, le cochon qu’il a tué ressuscite…
Folklore familial et mythes irlandais
Réunissant le bourreau et la victime (Speck étant une sorte de jambon préparé dans la cuisse de porc), Specky Clark est un conte fantasmagorique dans lequel chaque élément contribue à un spectacle d’un nouveau type, sorte de « danse théâtre » à l’anglaise. À la fois tragi-comique, usant d’effets « spéciaux » comme ce danseur-cochon suspendu à sa carcasse, dépeignant le monde âpre et dur des « ouvriers de la viande », dont le père et le grand-père d’Oona ont fait partie et auquel le « cochon » fait écho, la pièce a un côté presque cinématographique, avec ses éclairages très bien pensés de John Gunning et une bande-son remarquable de Maxime Jerry Fraisse. La danse, quand elle apparaît, est très sophistiquée. Elle est presque « travaillée dans la masse » quand le groupe pulse, se contracte et se dilate lentement, dans une gestuelle hallucinatoire et vaguement irlandaise quand elle prend des allures de danse macabre.
Agnès Izrine
à 20h. Tél. : 01 42 74 22 77. Durée : 1h. Spectacle vu au Pavillon Noir, Aix-en-Provence.
Au Festival Montpellier Danse, Israel Galván [...]