Shock Corridor
Nouveau Théâtre de Montreuil / de Samuel Fuller / adaptation et mes Mathieu Bauer
Publié le 28 décembre 2016 - N° 250Mathieu Bauer adapte le film culte Shock Corridor de Samuel Fuller, avec la promotion des comédiens sortie du TNS en juin 2016. Un voyage musical et théâtral entre folie à craindre et cinéma à aimer !
« L’intrigue ne lâche pas le spectateur. »
Pourquoi le choix de cette adaptation ?
Mathieu Bauer : Samuel Fuller fait partie du panthéon des cinéastes pour lesquels j’ai une énorme admiration. Il n’appartient pas aux grands classiques, certes, mais il n’a jamais cessé de m’habiter. Shock Corridor, en particulier, est un film qui m’a profondément marqué, à cause de l’acuité de sa façon de radiographier une société qui a peur, entre fantasmes et racisme latent : un peu ce qu’on vit en ce moment… Sans forcer le trait, car je n’avais pas envie de faire une transposition, il est évident que ce film fait écho à la situation politique et sociale actuelle. Et puis il y a eu la proposition du TNS de travailler avec ses élèves, et là, le choix a été évident.
Pourquoi ?
M. B. : D’abord parce que c’est un film habité par les seconds rôles, par ceux que Philippe Garnier appelle les acteurs qui « travaillent en bordure de projecteur ». Pour travailler avec des jeunes comédiens qui ont un désir de briller sous les feux de la rampe, ça m’amusait de traiter cette figure abandonnée des seconds rôles. Ensuite parce que le scénario de Fuller est formidable. En plus de l’intrigue, j’ai ajouté la figure de Fuller lui-même, qui éclaire l’ensemble de son parcours éblouissant. Reporter, toujours sur les routes, journaliste spécialiste des affaires criminelles, engagé dans les campagnes de la Seconde Guerre mondiale, il est une sorte d’aventurier à la Blaise Cendrars. C’est un vrai anarchiste, très attaché à la liberté et adepte d’une vision sans concession sur le monde.
Quelle est l’intrigue ?
M. B. : Elle est assez simple. Un journaliste, par ambition personnelle (il veut obtenir le prix Pulitzer), se fait interner pour débusquer le coupable d’un meurtre. Il va à la rencontre des patients pour chercher des indices. Mais la porosité s’installe au fur et à mesure de sa confrontation avec la folie. Alternent crises et moments de lucidité, jusqu’à un final magnifique ! L’intrigue ne lâche pas le spectateur. J’ai fait un montage avec le langage habituel que je mets en œuvre sur le plateau, avec, en incursion dans l’intrigue, des prises de parole, de la musique et de la narration.
Donc, encore et toujours la musique, n’est-ce pas ?
M. B. : Oui ! J’avais aussi envie que la musique apparaisse ; il y a de la place pour des chansons, beaucoup de musique américaine, et la musique habituelle de mes spectacles, composée avec Sylvain Cartigny. La musique prend en charge l’émotion et dégage, dédouane les jeunes comédiens, qui ont par ailleurs beaucoup de choses à endosser. Ces douze comédiens, très musiciens, qui, tous, chantent juste et jouent aussi d’un instrument, composent une vraie troupe. Ils sont tous à des endroits très différents mais ils sont hyper solidaires, attentifs, à l’écoute. Ils se connaissent très bien, sont débordants d’énergie, disponibles, enthousiastes. Bref, ils ont envie ! Le spectacle, qu’on ne devait pas reprendre, – mais il y a eu un petit miracle général ! – a une belle allure. Grâce à eux, je me suis surpris à avoir autant de choses à transmettre sur le plateau !
Propos recueillis par Catherine Robert
A propos de l'événement
Shock Corridordu mardi 10 janvier 2017 au samedi 4 février 2017
Nouveau Théâtre de Montreuil
10 Place Jean Jaurès, 93100 Montreuil, France
à 20h, sauf le 29 janvier à 17h et les 1er, 2 et 3 février à 21h. Relâche les 15, 22, 23 et 30 janvier. Tél. : 01 48 70 48 90.