La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Les Sidérées

Les Sidérées - Critique sortie Théâtre Gennevilliers T2G
Crédit photo : Abdelwaheb Didi

T2G / Les Sidérées / d’Antonin Fadinard / mes Lena Paugam

Publié le 28 décembre 2016 - N° 250

Lena Paugam explore la crise du désir dans le cadre d’un vaste chantier de recherche intitulé Au point mort d’un désir brûlant. Les Sidérées, d’Antonin Fadinard, s’inspire des Trois Sœurs de Tchekhov et constitue la première partie d’un diptyque complété par Les Cœurs tétaniques.

« L’ensemble de mon projet est issu d’une recherche que je mène depuis quatre ans avec le collectif d’artistes Lyncéus. Je travaille sur la question de la crise du désir dans les dramaturgies contemporaines, dans le cadre d’un doctorat de création SACRe, dont l’objet est une œuvre et un essai théorique qui l’accompagne. J’ai passé commande à deux jeunes auteurs afin qu’ils écrivent autour du sujet de ma thèse : la sidération et la perte du désir. Ces thèmes s’articulent autour des Trois Sœurs de Tchekhov, dont les personnages repoussent sans arrêt leur désir d’aller à Moscou, sans le rendre opérant. Qu’est-ce que des jeunes artistes de trente ans ont à dire là-dessus ? Voilà ma question. Antonin Fadinard a travaillé à partir de l’idée que les trois sœurs reviendraient un jour dans une maison. Tchekhov reste une inspiration mais pas l’objet d’une adaptation. Les sœurs reviennent dans la maison où leur frère s’est suicidé, et se demandent quoi faire de la maison.

Retrouver l’envie d’avoir envie

Comment reconstruire autour de l’aveu d’un échec et quel projet d’avenir peut-on faire ? Elles rencontrent trois hommes. Avec beaucoup d’humour et d’intelligence, Antonin Fadinard s’amuse à orchestrer un combat d’idées et d’idéologies entre ces six personnages autour de la question de la maison. Le texte évoque six formes de sidérations différentes, révélées par l’opposition aux autres. Antonin Fadinard a une force particulière, un style bien à lui qui trouve sa richesse dans l’écart entre la profondeur métaphysique et poétique et le concret de la banalité des choses. La distribution est uniforme du point de vue de l’âge. On pourrait voir dans cette œuvre une réflexion sur les possibilités d’agir aujourd’hui, à partir du legs qui nous a été laissé. Mais la pièce va bien plus loin, puisqu’elle parle de la responsabilité qu’a chacun vis-à-vis de l’existence, en évoquant les carcans qu’on construit pour justifier ses faiblesses et ses empêchements. En évoquant la liberté de s’affranchir de ces empêchements et cette exigence de la pensée vis-à-vis du monde à construire et de la vie à mener, la pièce parle à tous. »

Catherine Robert

A propos de l'événement

Léna Paugam / Suspension et incertitude du désir
du vendredi 20 janvier 2017 au mardi 24 janvier 2017
T2G
41 Av. des Grésillons, 92230 Gennevilliers, France

Mardi à 19h30 ; lundi, vendredi et samedi à 20h30, dimanche à 15h. Tél. : 01 41 32 26 26. Texte publié aux Editions Théâtrales.

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