Le Théâtre de la Concorde : l’art au service de la démocratie, rencontre avec Elsa Boublil
Il a ouvert ses portes le 5 octobre dernier. [...]
Sarah Tick porte à la scène le texte de Caroline Stella et façonne un périple original et touchant vécu par deux petites héroïnes, où la puissance de l’imaginaire s’affirme face à la brutalité de la maladie.
Médecin ophtalmologiste et metteure en scène. Ce sont les deux activités radicalement différentes de Sarah Tick, co-fondatrice de la Compagnie JimOe, qui dans cette mise en scène singulière, pétillante et touchante fait se rejoindre les univers de l’hôpital et du théâtre. Soit un lieu concret et pragmatique de soin, de peur, de combat difficile contre la maladie. Et un lieu artisanal et onirique qui réinvente le réel, où règne l’imagination, ou plutôt sa traduction scénique ici si joliment façonnée. Avec peut-être ce point commun d’être un endroit où l’on regarde l’autre, avec attention. Nous sommes dans un service hospitalier d’Onco-dermatologie spécialisé chez l’enfant et l’adolescent, là où la brutalité de la maladie est la plus insupportable. Sharara, qui vient du Maroc, subit un traitement très lourd pour atténuer les effets de la maladie de la lune, qui rend la lumière dangereuse et l’oblige à porter une tenue de cosmonaute. « Ça fait qu’un de ces quatre je vais disparaître sous mes tâches. Ces grains de saleté me rappellent que je ne vais pas faire long feu. » confie-t-elle à Mélie, âgée comme elle d’une dizaine d’années, venue pour être opérée d’un grain de beauté « qui veut faire son malin ».
Un voyage sublimé
Leur rencontre fera naître de nouvelles perspectives, sans que jamais la pièce n’apparaisse mièvre ou facile. Au contraire, dans ce très beau et très fin spectacle qui agence remarquablement tous les effets du théâtre, c’est le courage obligé et l’imaginaire enjoué de ces deux héroïnes féminines qui s’affirment, sans rien occulter de la cruauté du réel. Direction la lune, pour l’immense voyage d’Apollo 16 guidé par Houston, ou peut-être par Youri Margarine, ou par un régisseur théâtre… Un voyage sublimé où le réel et la fiction existent ensemble, où le champ des possibles s’agrandit considérablement, malgré une omniprésente Mère La Lune extrêmement possessive, à qui on a envie de « péter la gueule ». Le texte affûté et direct de Caroline Stella, la mise en scène finement orchestrée de Sarah Tick, le jeu énergique et juste des deux comédiennes Nadia Roz (Shahara) et Barbara Bolotner (Mélie) qui vivent une odyssée de l’amitié, la vidéo de Renaud Rubiano, la scénographie d’Anne Lezervant, la création lumière de Julien Crépin et la création musicale de Guillaume Mika : leurs forces combinées concourent à faire de cette pièce un véritable voyage, à l’écoute de la valeur si précieuse de toute vie.
Agnès Santi
mercredi à 15h, samedi à 16h. Tel : 01 48 13 70 00. Durée : 1h. Spectacle vu aux Plateaux Sauvages en mars 2023 et à L'Etoile du Nord.
Il a ouvert ses portes le 5 octobre dernier. [...]
Camille Cottin et Jonathan Capdevielle [...]