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D’une précision organique, l’écriture de Nicolas Doutey interroge les soulèvements du présent et les béances du réel. Réunissant trois courtes pièces de l’auteur né en 1982, le metteur en scène Sébastien Derrey signe, à Théâtre Ouvert, un spectacle qui regorge de verve humoristique, mais passe à côté du trouble de l’instable.
Dans Je pars deux fois (texte publié, en 2013, par Théâtre Ouvert Éditions / Tapuscrit), Paul (Rodolphe Congé) et Pauline (Catherine Jabot et Nathalie Pivain) tentent de caractériser la fantaisie insaisissable de l’expérience de vie dont ils sont les sujets. Dans Théâtre et amitié (texte publié, en 2015, par Théâtre Ouvert Éditions / Tapuscrit, ici mis en scène en collaboration avec Vincent Weber), le même Paul, Pierre (Vincent Guédon) et une foule anonyme (constituée d’amatrices et d’amateurs) tournent autour d’un possible déséquilibre du présent. Enfin, dans La Table planétaire (texte publié, en 2025, par les Éditions Esse Que), Pierre, Wen (Olga Grumberg) et le navigateur Gérard d’Aboville (Frédéric Gustaëdt), tout en montant une table livrée en kit, interrogent le rayonnement disproportionné, quasi théâtral, de certains faits et certaines pensées. Toutes trois réunies dans un même spectacle par le metteur en scène Sébastien Derrey, ces courtes pièces de Nicolas Doutey laissent planer la même improbable étrangeté sur les situations dans lesquelles sont plongés leurs personnages. Cette étrangeté concrète, subtilement loufoque, parfois à la frontière de l’absurde, témoigne de la particularité de femmes et d’hommes soumis à une volonté constante de vérité.
Des situations en perpétuel décalage
La relation au monde, aux choses, aux autres, de ces êtres qui laissent libre cours à leur intériorité n’est finalement pas si loin de la nôtre. C’est cette forme de proximité, de familiarité, même, qui opère comme une révélation dans cette écriture de la parole incarnée. Au sein de la mise en scène élaborée par Sébastien Derrey, les surprenantes ouvertures que les œuvres de Nicolas Doutey sculptent dans le réel n’apparaissent pas de manière pleinement et entièrement frappantes. Quelque chose d’un entre-deux du quotidien, d’une élasticité existentielle semble ici s’effacer pour laisser la place aux lignes saillantes de scènes soumises à la prédominance du rire. Évoluant à l’intérieur de l’espace vide d’un dispositif scénographique quadri-frontal, les interprètes de Théâtre et amitié (triptyque) cherchent pourtant davantage du côté du creux et de l’envers, d’états de suspension, que du côté de l’efficacité humoristique. Ils donnent ainsi corps à quelques beaux moments d’instabilité mystérieuse. Mais il manque du trouble à ces instants de décalage. Un trouble qui pourrait creuser d’autres brèches et venir ébranler les certitudes persistantes du présent.
Manuel Piolat Soleymat
Du lundi au mercredi à 19h30, le jeudi et le vendredi à 20h30, le samedi à 18h. Relâche exceptionnelle le 20 mars. Durée : 1h30. Tél. : 01 42 55 55 50. www.theatre-ouvert.com. Également les 29 et 30 avril 2025 à la Comédie de Béthune.
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