Maguy Marin tient bon et ose la seule question qui vaille : celle du lien et du sens…
Le coup est rude et frappe en plein ventre mou de l’époque, gavée à force d’ingurgiter les stupéfiants divertissements produits en série par l’industrie culturelle. Maguy Marin décidément ne désarme pas devant la déroute de la pensée : face à l’hébétude consumériste qui dénoue les liens des hommes et les habitue à vivre machinalement, elle travaille à « faire surgir ces forces diagonales résistantes, sources de moments inestimables qui survivent à l’oubli, ces voix qui, du fond des temps, nous font signe. » Celle qui a décidé de quitter le CCN de Rillieux-la-Pape après douze ans d’inventive direction, ne lâche rien en conscience. « Proposer d’entendre un langage poétique est aujourd’hui devenu quelque chose d’intolérable, de risible ou de prétentieux pour la majeure partie des gens : un scandale. Mais aujourd’hui, le scandale est partout et ne fait plus dispute. » lance-t-elle. Déchirant l’obscurité du temps, les images fracassantes du naufrage présent, réminiscences traumatiques, effrois fugaces des désastres à venir… se choquent et brisent le silence de la folie du monde. En scène, trois hommes et quatre femmes, porteurs clandestins de nos doutes et nos peurs, œuvrent pour tramer du sens à notre histoire.
Salves, conception de Maguy Marin. Du 26 au 30 octobre 2010, à 20h30. Théâtre des Abbesses, 31 rue des Abbesses, 75018 Paris. Tél : 01 42 74 22 77.