La Fúria résistante de Lia Rodrigues
Artiste brésilienne, Lia Rodrigues a implanté [...]
Quatorze musiciens de plusieurs continents se rencontrent autour du Requiem de Mozart. Ils reconstruisent ce Requiem en fusionnant leurs influences musicales personnelles avec du jazz, de l’opéra et de la musique africaine populaire.
Requiem pour L. réunit de nouveau Fabrizio Cassol et Alain Platel, un duo de choc à qui l’on doit déjà Coup fatal, un spectacle qui mâtinait rumba et airs baroques, mais aussi VSPRS ou Pitié ! On l’aura compris, le premier est musicien, compositeur et fondateur du groupe de jazz Aka Moon, le second est le chorégraphe fondateur des Ballets C. de la B. Cette fois, ils s’attaquent au Requiem et pas n’importe lequel, celui de Mozart. De la partition mythique, on connaît l’inachèvement dû à la mort du compositeur. D’où l’idée de combler les « trous » du manuscrit original par une véritable musique intercontinentale, avec des apports de chanteurs d’Afrique du Sud, un haute-contre d’origine brésilienne, des choristes des deux Congo (RDC et Congo Brazzaville), un accordéoniste, un batteur, deux guitaristes pour la plupart déjà présents dans Coup fatal, notamment l’exceptionnel Rodriguez Vangama, et bien sûr un trio de chanteurs lyriques occidentaux. On y entend les paroles du Requiem en latin, mais aussi en kilari, en lingala, en swahili, avec çà et là une pincée de tshiluba ou de kikongo.
La mort en face
Alain Platel, quant à lui, organise les corps dans une cérémonie de deuil qui embrasserait deux visions différentes de la mort, l’une très occidentale dans la douleur et la contrition, l’autre très vivante, liée à d’autres formes de spiritualité. Elle représente la mort, collective, individuelle, dans sa radicalité définitive. D’où la référence dans la scénographie aux stèles du mémorial de l’Holocauste à Berlin, et un film, projeté en fond de scène, qui nous montre L. à ses derniers instants. Bien sûr, il ne s’agit en aucun cas d’un macabre voyeurisme, mais d’une forme d’adieu et d’hommage très pudique. La chorégraphie est minimaliste, c’est de la dentelle qui entrelace regards et présence, puissance et absence, et si elle nous incite au recueillement, elle force aussi la joie de rituels funéraires très festifs. Au fond, le chorégraphe donne corps aux notes mozartiennes et invente au passage une nouvelle forme de représentation de la musique et de la danse.
Agnès Izrine
Mer. 21 à 20h30, jeu 22 à 19h45, ven 23 à 20h30, sam 24 à 15h30. Tél. : 01 53 65 30 00. Durée : 1h40.
Artiste brésilienne, Lia Rodrigues a implanté [...]