La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2017 - Entretien / Caroline Guiela Nguyen

Saïgon

Saïgon - Critique sortie Avignon / 2017 Avignon Festival d’Avignon. Gymnase du lycée Aubanel
Crédit : Julien Pebrel Légende : Caroline Guiela Nguyen

Gymnase du lycée Aubanel / mes Caroline Guiela Nguyen

Publié le 25 juin 2017 - N° 256

Pour Caroline Guiela Nguyen, metteuse en scène du collectif Les Hommes Approximatifs, le théâtre est avant tout lieu de rencontres. Dans Saïgon, elle part des traces laissées par l’histoire de la ville éponyme pour créer un paysage favorable à la création d’un langage commun entre interprètes d’ici et de là-bas.

Après Elle brûle (2013) très librement adapté de l’histoire d’Emma Bovary et Le Chagrin (2015), chronique fragmentaire d’un deuil, Saïgon peut apparaître comme un projet plus personnel. Est-ce le cas ?

Caroline Guiela Nguyen : Je suis effectivement fille de Viet kieu – mot utilisé par les Vietnamiens pour désigner les Vietnamiens de l’étranger –, mais je ne travaille pas une matière autobiographique dans ce spectacle. Ce qui m’intéresse au théâtre, c’est de capter à quel point nous avons besoin des autres pour nous raconter. C’est toujours cela qui me pousse à créer.

Qui sont les interprètes de cette nouvelle création, et comment ont-ils participé au processus d’écriture ?

C.G-N : Il y a trois jeunes comédiens formés à l’Université de Théâtre de Hô-Chi-Minh-Ville, une traductrice qui joue au plateau, quatre comédiens français et trois comédiens viet kieu. Nous avons travaillé en résidence entre France et Vietnam. Ces allers-retours étaient nécessaires pour récolter de la matière, construire des échanges entre les comédiens et collaborateurs des deux pays et nourrir l’écriture. Après cette grande phase de collecte, j’ai réalisé deux séjours à la Chartreuse afin de tout rassembler en un livre qui a ensuite servi de base à l’équipe pour l’improvisation et la création d’une trame fictionnelle.

« Ce qui m’intéresse au théâtre, c’est de capter à quel point nous avons besoin des autres pour nous raconter. »

Alors que vos spectacles précédents étaient situés dans des espaces privés, Saïgon se déroule dans un restaurant. Pourquoi ?

C.G-N : C’est une manière de provoquer la rencontre entre les personnes présentes sur le plateau. Rencontre qui est aussi une retrouvaille entre deux mondes qui se sont aimés, détruits puis oubliés. Le restaurant permet de retrouver des liens entre ces mondes, de créer des moments de partage, de célébration, où les langues et les émotions peuvent se mélanger, où l’espace et le temps peuvent se troubler, où le passé peut venir percer le présent. Notre restaurant traversé par des histoires multiples se situe entre Saïgon et Paris. Entre 1956 et 1996.

Ces histoires sont-elles politiques ?

C.G-N : Ce qui est politique dans Saïgon, et de manière générale dans le travail que je mène avec les Hommes Approximatifs, c’est de mettre ensemble des récits et des corps différents au plateau et de travailler à un commun. C’est de réunir toutes ces personnes qui viennent d’horizons culturels, géographiques et sociaux différents, et de faire le pari qu’aujourd’hui, notre monde ne peut se raconter qu’avec la multiplicité de ces paysages. Car oui, le commun, ça se travaille.

 

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Saïgon
du samedi 8 juillet 2017 au vendredi 14 juillet 2017
Festival d’Avignon. Gymnase du lycée Aubanel
14 Rue Palapharnerie, 84000 Avignon, France

à 17h, relâche le 11. Tel : 04 90 14 14 14. Durée estimée : 3h45 entracte compris.

 

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