Tinariwen
Le blues hypnotique et l’électricité habitée [...]
Alors qu’il est invité du Théâtre du Châtelet pour un concert avec orchestre symphonique, Richard Galliano signe deux nouveaux albums et manifeste à 63 ans une fièvre tenace de vagabonder d’univers en univers…
Que serions-nous sans les rencontres ? Impossible d’évoquer Richard Galliano sans presque immédiatement rappeler celle qu’il fit, fulgurante et décisive, avec le grand musicien argentin Astor Piazzolla : « J’ai tout fait dans ce métier, jusqu’aux arrangements pour les Folies Bergères et le Moulin Rouge, et sans jamais vraiment oublier cette flamme que j’avais à l’intérieur de moi et qui était ce rêve de réaliser quelque chose de différent avec mon instrument… Mais je ne savais pas comment m’y prendre. Quand j’ai rencontré Piazzolla, j’étais très préoccupé et c’est lui qui m’a dit : « Richard, il faut que vous fassiez le New Musette, comme moi j’ai inventé le New Tango ». Il a senti que je devais rester assez proche des racines de mon instrument et de mes origines. Cette rencontre a été décisive pour moi. Piazzolla m’a réveillé. Sans lui, je jouerais probablement du « jazz » au premier degré, en cultivant ce complexe d’accordéoniste qui veut se guérir de l’image de l’accordéon ». Cette rencontre cristallisa en destin musical le talent d’un musicien qui aurait pu aisément, par timidité ou malchance, passer à côté de lui-même.
« Piazzolla m’a réveillé »
Depuis, Galliano n’en finit pas de prendre son envol, de tout tenter et de tout oser, jusqu’à jouer Bach en solo. Sur scène, au Théâtre du Châtelet, il retrouve aujourd’hui Piazzolla, mais pour partager avec lui l’affiche en qualité de compositeur. Notre accordéoniste sera le soliste de deux œuvres de sa plume – son Opale Concerto, magnifique partition déjà jouée à plusieurs reprises à Paris et Contrastes, pour accordéon, violoncelle et orchestre, jouée en création mondiale avec le violoncelliste Henri Demarquette en soliste, tandis que l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie (direction Frank Braley) présentera au même programme Le grand Tango, pour violoncelle et orchestre à cordes de Piazzolla. Dans le même temps, Galliano signe un nouvel album, le premier qu’il réalise pour un label américain : « Sentimentale » (Resonance Records) à la tête d’un quintet très international (Tamir Hendelman au piano, Anthony Wilson à la guitare, Carlitos Del Puerto à la basse et Mauricio Zotterelli à la batterie) pour un voyage de standards en standards dans des arrangements de la plume de Tamir Hendelman. Un disque qui sera très vite suivi, en mars prochain, d’un nouvel opus, en duo, avec le guitariste Sylvain Luc, en hommage à Edith Piaf et Gus Viseur, immense accordéoniste belge. « Ces deux artistes (dont les trajectoires musicales se sont croisées en 1940, ndlr) ont quelque chose en commun : une dimension d’amour au cœur de leur art. Ce sont ces chemins que nous avons voulu suivre avec Sylvain. La pudeur, l’écoute de l’autre… Certes en se lançant des défis, mais sans aucun piège, aucune compétition, aucune surenchère instrumentale déplacée, aucun exhibitionnisme… Nous sommes restés en permanence au service l’un de l’autre, en dialogue constant sur ce répertoire » confie Galliano.
Jean-Luc Caradec
A 20h. Tél. 01 40 28 28 40. Places : 30 à 55 €.
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