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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra - Entretien Olivier Baumont

Retour à Bach

Retour à Bach - Critique sortie Classique / Opéra Paris Cité de la Musique
Légende photo Olivier Baumont, sur scène le 13 mars à 21 h, signe un enregistrement d'œuvres pour Clavecin-Luth de Bach et voit rééditée sa superbe intégrale de l'œuvre pour clavecin de Rameau.

CLAVECIN / CITE DE LA MUSIQUE

Publié le 23 février 2014 - N° 218

Sous l’intitulé « Les Tempéraments », la Cité de la Musique voue une large part de sa programmation du mois à l’intégrale de l’œuvre pour clavecin de Bach. De magnifiques interprètes de générations et d’horizons différents (Ho, Koopman, Frisch, Staier, etc…) se succèdent sur des instruments historiques de toute beauté. Maître artificier du cycle, le claveciniste Olivier Baumont en a imaginé la programmation. 

Quel a été votre rôle dans la conception de ce cycle « Les Tempéraments » consacré à l’intégrale de l’œuvre pour clavecin de Bach ? 

Olivier Baumont : Depuis longtemps déjà, j’avais remarqué que l’intégrale de l’œuvre pour clavecin de Bach pouvait se faire en vingt concerts et autant de clavecinistes. J’ai donc effectué une répartition de ce grand corpus, au départ par simple intérêt, et je l’ai ensuite proposé à la Cité de la musique. J’ai été heureux que ce projet y rencontre une écoute attentive puis une mise en œuvre formidable ! La réalisation d’un tel projet est un énorme travail en amont pour l’équipe de la Cité de la musique et pour celle du Musée de la musique. Mon rôle a été d’établir une vingtaine de programmes cohérents et équilibrés où chacun puisse avoir des choses splendides à faire entendre au public. J’ai aussi vérifié que toutes les œuvres seraient jouées, ce qui n’a pas toujours été facile !

« Chaque génération interroge à sa façon ce répertoire. »

Quel a été le principe de la programmation de cycle ?

Olivier Baumont : Le principe a été de donner une intégrale exhaustive avec des instruments historiques d’une immense beauté ; il faut redire à quel point un clavecin du XVIIIe siècle transfigure la perception de cette musique, c’est un peu la voix de nos maîtres qui vient jusqu’à nous. D’autre part, c’est bien sûr la Cité de la musique qui a choisi les clavecinistes. Les critères retenus ont été d’inviter des personnes de différents pays, de différentes générations, et qui ont une activité de concerts et de disques souvent liée à Bach. C’est la pluralité qui est manifeste dans cette programmation et je m’en réjouis. Je crois que nous avons une très belle affiche !

L’interprétation de la musique pour clavecin reste-t-elle un phénomène en mouvement dynamique ?

Olivier Baumont : Je constate tous les jours ce mouvement dynamique et en constante évolution. Je suis frappé, notamment au CNSMDP où j’enseigne, par le fait que la perception de Bach se modifie au cours des années. Chaque génération interroge à sa façon ce répertoire. Les interprètes comme les facteurs ne cessent de chercher et d’essayer de nouvelles choses. Il y a parfois des discussions passionnées  – et il y en aura sans doute au moment du colloque – parce que chacun a son avis sur telle ou telle question. C’est un enrichissement constant.

Rameau est aujourd’hui aussi à l’honneur et l’on réédite votre intégrale de son œuvre pour clavecin. Quels liens ou différences peut-on établir entre les deux compositeurs?

Olivier Baumont : Sans doute ne faut-il pas chercher de liens un peu arbitraires entre eux. La principale différence est bien sûr l’omniprésence de l’Opéra chez l’un et son absence totale chez l’autre. Il y a cependant cette magnifique année 1722 qui voit apparaître à la fois la publication du Traité de l’harmonie réduite à ses principes naturels de Rameau et le manuscrit définitif du premier cahier du Clavier bien tempéré de Bach : ce sont deux choses fondamentales dans l’histoire de la musique occidentale. Si je sens des connivences entre les deux compositeurs, elles me sont très personnelles : ainsi je trouve un ton commun de magnificence entre la grande Suite en la mineur / majeur de Rameau et la Quatrième Partita en ré majeur de Bach. Il s’agit là, sans doute, des deux plus grands chefs-d’œuvre pour le clavecin du début des années 1730.

 

Propos recueillis par Jean Lukas

A propos de l'événement

Retour à Bach
du mardi 11 mars 2014 au vendredi 21 mars 2014
Cité de la Musique
221 Avenue Jean Jaurès, 75019 Paris, France

Du 11 au 21 mars. Tél. : 01 44 84 44 84.

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