La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Entretien / Lia Rodrigues

La Fúria résistante de Lia Rodrigues

La Fúria résistante de Lia Rodrigues - Critique sortie Danse Paris Chaillot - Théâtre national de la danse
Lia Rodriguez Crédit : Sammi Landweer

Chaillot - Théâtre National de la Danse / chor. Lia Rodrigues

Publié le 21 octobre 2018 - N° 270

Artiste brésilienne, Lia Rodrigues a implanté sa compagnie et créé une école de danse dans la favela de Maré à Rio de Janeiro. Elle présente sa nouvelle création, Fúria.

« L’imagination est un endroit de liberté. »

Quelles ont été vos sources d’inspiration pour Fúria ?

Lia Rodrigues : Les danseurs et moi avons travaillé à partir d’images que nous avons collectionnées. Des images venant de partout dans le monde, mais surtout illustrant la vie des Noirs au Brésil. L’écrivaine Conceição Evaristo, qui est afro-brésilienne et issue d’une favela, a été pour nous comme un phare dans cette recherche. Elle nous a beaucoup aidés à penser cette pièce. Nous avons travaillé avec tout ce que nous trouvions dans notre espace, de vieux vêtements, un petit bout de bois, un petit bout de plastique jeté dans un coin. Nous avons tenté de créer de la poésie à partir de ces riens, cassés, abandonnés.

Comment travaillez-vous avec vos danseurs ?

L.R. : Je travaille pour cette pièce avec neuf danseurs, tous très différents. Quatre d’entre eux viennent de notre école et c’est très émouvant pour moi. Je les connais depuis leur adolescence et maintenant ce sont des artistes qui parlent avec leur propre voix ! Les danseurs improvisent et j’essaie d’organiser ce que nous voulons dire ensemble. C’est comme un grand laboratoire dans lequel, pendant neuf mois, nous apportons des matériaux. La pièce s’écrit au jour le jour avec la participation de chacun. J’organise les idées qui affleurent, les désirs, les pensées ; nous parlons beaucoup.

Y a-t-il dans Fúria, comme dans vos précédentes pièces, un important travail plastique ?

L.R. : Contrairement aux autres pièces où le public partageait l’espace avec les danseurs, celle-ci est jouée dans un dispositif frontal. Nous avons voulu faire cette expérience et cela change beaucoup de choses. Même si, comme je l’ai dit, nous ne travaillons qu’avec un matériel assez pauvre, nous essayons de créer une ambiance particulière, une sorte de baroque brésilien avec des costumes, des personnages. Actuellement, plus de la moitié des danseurs habitent dans la favela de Maré. Ils apportent cet imaginaire singulier, des couleurs différentes, une esthétique particulière. Nous avons des figures de rois, de reine, faites avec rien. Et j’aime cette magie du rien. On se situe dans une sorte de narration non linéaire, proche de l’imagination, du rêve. La pièce est créée dans ce moment particulier, terrible, des élections, qui impacte beaucoup les gens, surtout dans la favela. La Fúria nous entoure, nous sommes immergés dedans. Alors que peut-on apporter ? Peut-être un peu de calme, de silence. Mais surtout l’imagination, qui est un endroit de liberté.

 

Propos recueillis par Delphine Baffour

A propos de l'événement

La Fúria résistante de Lia Rodrigues
du vendredi 30 novembre 2018 au vendredi 7 décembre 2018
Chaillot - Théâtre national de la danse
1 place du Trocadéro, 75016 Paris

Les 30 novembre, 4, 5, 6, 7 décembre à 19h45 et le 1er décembre à 15h30. Tél. 01 53 65 30 00. Durée : 1h. Dans le cadre du Festival d'Automne à Paris.

Egalement du 12 au 15 décembre au Centquatre-Paris.

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