Lyric Hispanic
Voix, corps et guitare composent un alliage [...]
Avignon / 2013 - Entretien Falk Richter
Sept danseurs, cinq acteurs : l’auteur-metteur en scène Falk Richter et la chorégraphe Anouk van Dijk présentent leur quatrième spectacle commun, dans la Cour du lycée Saint-Joseph. Une création entre poétique et politique, qui explore par le prisme de la relation amoureuse la condition de l’être humain contemporain.
Rausch (Ivresse) est le quatrième texte que vous écrivez pour un projet avec Anouk van Dijk. Comment pouvez-vous désigner la relation artistique qui vous unit à cette chorégraphe ?
Falk Richter : Tout paraît très simple et naturel lorsque nous travaillons ensemble. Nous nous connaissons depuis fort longtemps et sommes devenus des amis très proches à l’époque où j’étais encore à l’Université. Nous avons toujours voulu travailler ensemble afin d’inventer un espace expérimental pour des danseurs et des acteurs, le texte et le mouvement, un espace pour la recherche, la lecture, l’improvisation, un espace où inviter des musiciens et des penseurs, où il soit possible d’aborder des thèmes aussi bien politiques que sociétaux afin d’observer comment le corps et l’esprit sont déterminés par nos forces politiques et économiques. Un espace où il nous soit également possible de créer par pur plaisir du jeu.
Quel est le sujet de cette nouvelle création ?
F. R. : Le désir de perdre le contrôle. De dépasser tout système de contrôle, tout narcissisme, toute stratégie dictée par l’ego, toute peur. L’envie de trouver de nouvelles manières de vivre ensemble en tant que collectif, de réaffirmer une conception politique et sociale de notre société, d’essayer de vivre hors d’un schéma purement capitaliste.
Quelles places respectives le théâtre et la danse occupent-ils dans Rausch (Ivresse) ?
F. R. : Au fil des années nous avons constitué un ensemble de danseurs et d’acteurs qui peuvent passer librement du mouvement au jeu et vice versa. Les deux formes s’inspirent donc l’une de l’autre, parfois se confrontent et se perturbent mutuellement, parfois même il n’est plus possible de différencier l’acteur du danseur. Le texte et le mouvement sont en dialogue permanent, se mêlent parfois totalement. Mon texte exprime souvent l’absence du corps physique, l’anéantissement du corps ou encore la manière dont le corps existe dans le monde virtuel, et comment le contact physique a été transformé au fil des années à cause des nouvelles formes de communication. Le corps est désintégré, il est devenu soit un ennemi, soit un extraterrestre, voire il est écrasé par la pornographie, ou tout simplement il est fatigué et aspire au repos, au contact physique, et ne sait plus comment atteindre l’un et l’autre. Rausch (Ivresse) est en réalité une quête des corps en mouvement.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Voix, corps et guitare composent un alliage [...]