La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Que ma joie demeure !

Que ma joie demeure ! - Critique sortie Théâtre
Crédit : Giovanni Cittadini Cesi Légende : « Alexandre Astier dans Que ma joie demeure ! »

Publié le 10 mai 2012 - N° 198

Après des débuts sur les planches lyonnaises, Alexandre Astier s’est fait un nom sur la chaîne de télévision M6. Aujourd’hui de retour au théâtre, l’auteur-réalisateur-acteur de la série Kaamelott délaisse momentanément l’habit du roi Arthur pour revêtir celui de Jean-Sébastien Bach. Une suite de sketchs à la drôlerie (très) relative.

Comme son titre le laisse supposer aux amateurs de musique baroque, le one-man show que présente actuellement Alexandre Astier au Théâtre du Rond-Point s’inspire de l’œuvre et de la vie de Jean-Sébastien Bach (Jésus que ma joie demeure est le titre français de l’un des mouvements d’une cantate – parmi les plus célèbres – du compositeur allemand). Déclinant la recette qui a fait son succès à la télévision, le créateur de Kaamelott enfile un costume vaguement XVIIIème, installe un clavecin au milieu du plateau, se donne des airs de bougonnerie, prend des postures d’importance, pointe une baguette en direction d’un tableau noir sur lequel est tracée une portée (clef de sol, clef de fa, clefs d’ut, mesures binaires et ternaires, noire, ronde : tapez dans vos mains…) et le voilà parti dans Que ma joie demeure !, une classe ouverte d’initiation à la musique donnée par le Cantor de Leipzig. Une classe régulièrement suspendue, dont les interruptions donnent le prétexte à des sketchs aux ressorts comiques diversement efficaces.

Un one-man show sans surprise

Car il est question ici d’une chose et de rien d’autre : rire. Rire d’un rire sans danger, sans la moindre prise de risque. Et si l’on ne rit pas, la présence scénique d’Alexandre Astier, son sens de la dérision, de la rupture, de l’absurde, de l’anachronisme tombent à plat. Et l’on s’ennuie. Ainsi, ce qui nous est présenté comme un « hommage savoureux et déglingué à J.-S. B. », n’est en fait qu’un one-man show sans surprise, un spectacle de divertissement propret, totalement inoffensif, qui n’a pas grand chose de savoureux, et vraiment rien de déglingué. Car l’écriture est faiblarde. Or, les petites choses qui, à la télévision, peuvent faire mouche, s’avèrent souvent insuffisantes au théâtre. Alexandre Astier aurait-il surestimé sa puissance d’homme de scène ? Sans doute. Car sa personnalité et sa faconde ne suffisent pas à faire naître l’univers qui pourrait nous embarquer dans un voyage imaginaire. Reste le plaisir de voir « en vrai », ce que l’on regarde habituellement à travers le petit écran. Certains habitués de Kaamelott paraissent se satisfaire de ce (petit) plaisir-là.

Manuel Piolat Soleymat 


Que ma joie demeure !, texte et interprétation d’Alexandre Astier ; mise en scène de Jean-Christophe Hembert. Du 5 avril au 13 mai 2012. Du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h30. Relâche les lundis, ainsi que le 8 avril, le 1er et le 8 mai. Théâtre du Rond-Point, 2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris. Tél : 01 44 95 98 21 et sur www.theatredurondpoint.fr.  Durée de la représentation : 1h20.

En tournée les 14 et 15 mai 2012 à Bourges, le 24 mai à La Roche-sur-Yon, le 26 mai au Théâtre de la Cité à Nice, du 12 au 16 juin au Théâtre de la Croix Rousse à Lyon.

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