La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Quai Ouest

Quai Ouest - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Tempête
Vincent Schmitt et Marc Veh dans Quai Ouest, mis en scène par Philippe Baronnet. Crédit : Victor Tonelli

Théâtre de la Tempête / de Bernard-Marie Koltès / mes Philippe Baronnet

Publié le 27 mars 2018 - N° 264

Une rencontre improbable, au plus obscur d’un hangar, dans un univers de bas-fond, à la périphérie d’une ville… Philippe Baronnet met en scène Quai Ouest, de Bernard-Marie Koltès, au Théâtre de la Tempête.

C’est en 2012, au Théâtre de Sartrouville, que nous avons pu découvrir le travail de Philippe Baronnet. Il y présentait une remarquable version de Bobby Fischer vit à Pasadena de Lars Norén*, spectacle repris l’année suivante à La Tempête, où le jeune metteur en scène a également créé, en 2016, une autre réussite : Maladie de la jeunesse de Ferdinand Bruckner**. Aujourd’hui, dans le même théâtre de la Cartoucherie, il s’empare d’une pièce de Bernard-Marie Koltès, Quai Ouest (l’ensemble de l’œuvre du dramaturge est publié aux Editions de Minuit), avec moins de succès. Tout commence dans une pénombre persistante. Des voix s’élèvent, claquent. Des silhouettes se déplacent – indéterminées, énigmatiques – au sein d’un univers de zone périurbaine, à des kilomètres d’une ville que l’on imagine grande, riche. Riche, Maurice Koch l’est. Ou du moins il l’était. Ruiné, il a décidé de se donner la mort en se jetant dans un fleuve, depuis le quai mal famé où l’a conduit sa secrétaire. Tous deux débarquent au cœur de cet endroit inhospitalier, près d’un hangar dans lequel vit une mini-société de laissés pour compte dont l’un des membres va sauver la vie de l’homme d’affaires.

Une écriture qui ne trouve pas sa pleine puissance

Appartenant à deux mondes que tout oppose, ces femmes et ces hommes n’auraient jamais dû se rencontrer. Quai Ouest raconte le choc de ce face-à-face. Un choc qui vient mettre en perspective les questions de l’immigration, de la relégation sociale, de la misère, du droit de chacun à la dignité… Ecrit en 1985, créé en 1986 par Patrice Chéreau au Théâtre Nanterre-Amandiers, le texte de Bernard-Marie Koltès parle tout autant à notre époque qu’aux années qui l’ont vu naître. C’est la marque des grandes œuvres. Pourtant, la mise en scène de Philippe Baronnet ne parvient pas à faire surgir toute l’envergure de cette pièce à la croisée du trivial et du poétique. La faute, notamment, à une direction d’acteurs inégale, qui passe certes par quelques beaux moments de jeu de Louise Grinberg, Félix Kysyl, Marc Lamigeon, Marie-Cécile Ouakil, Marc Veh…, mais aussi par de (longues) scènes manquant d’inspiration. On sort déçus de cette proposition qui ne trouve pas sa pleine mesure. La puissance de Koltès reste à quai.

Manuel Piolat Soleymat

* Critique dans La Terrasse n° 203, novembre 2012.

** Critique dans La Terrasse n° 240, février 2016.

A propos de l'événement

Quai Ouest
du jeudi 15 mars 2018 au dimanche 15 avril 2018
Théâtre de la Tempête
route du Champ-de-Manœuvre, 75012 Paris

Salle Serreau. Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h. Durée de la représentation : 3h avec entracte. Tél. : 01 43 28 36 36. www.la-tempete.fr.

 

Egalement le 19 avril 2018 au Préau – CDN Normandie-Vire, les 17 et 18 octobre à la Comédie de Caen, le 22 novembre à la Scène nationale de Dieppe.

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