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Avignon / 2014 - Entretien Hélène Theunissen
Hélène Theunissen met en scène Charlie Dupont et Tania Garbarski dans Promenade de Santé, de Nicolas Bedos. Une comédie sentimentale sur fond de désordres psychiatriques.
Quelle est la ligne narrative de cette comédie sentimentale ?
Hélène Theunissen : Promenade de Santé se déroule dans un hôpital psychiatrique. C’est l’histoire d’un coup de foudre entre une jeune femme et un homme qui, tous les deux, ont de graves problèmes comportementaux. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils connaissent leurs propres déséquilibres. Ils sont donc perpétuellement sur leurs gardes. Difficile, dans ces conditions, de croire à la parole de l’autre, de se faire confiance et de s’engager dans une histoire d’amour. Cela donne lieu à des situations étonnantes, cocasses, parfois drôles et parfois cruelles.
Quelles sont, de votre point de vue, les principales qualités de cette pièce ?
H. Th. : Il s’agit d’une écriture concise, qui va droit au but. C’est cru et sans détours. Et en même temps, il y a un lyrisme inouï. C’est comme si vous étiez dans un sex-shop à écouter de l’opéra ! Promenade de Santé flirte sans arrêt entre délicatesse et grossièreté, tendresse et provocation, cruauté et poésie. Il y a aussi une qualité littéraire impressionnante, notamment dans la vivacité des dialogues et des réparties. Pour les acteurs, se plonger dans une telle pièce est extrêmement jouissif.
A partir de là, quel type de représentation avez-vous cherché à élaborer ?
H. Th. : Je suis partie des deux acteurs, en faisant en sorte de concevoir un spectacle à leur mesure. Charlie Dupont et Tania Garbarski sont généreux, talentueux, travailleurs, inventifs, humbles. Je les connais très bien, ils ont d’emblée inspiré mes choix. L’écriture de Nicolas Bedos m’a guidé aussi, naturellement. Ensuite, j’ai voulu miser sur la poésie inhérente à la situation. Car on peut très bien imaginer que tout cela n’est qu’un rêve. J’ai accentué cette option, l’ai radicalisée. J’ai souhaité sublimer le texte de Nicolas Bedos à travers un point de vue et une esthétique évitant tout réalisme, tout effet d’anecdote.
Pourquoi cela ?
H. Th. : Cette histoire, même si elle se passe dans un hôpital psychiatrique, devient le symbole de toutes les rencontres amoureuses. Elle touche l’universel et l’humain. Il fallait donc que les acteurs fassent à la fois preuve d’une grande force d’empathie et d’une forme de fantaisie. Mais il fallait, aussi, que tout ce qui les entoure les porte au-delà du réalisme, afin de ne pas réduire la pièce à une gentille comédie sentimentale de plus.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Avignon Off. Théâtre du Chêne Noir, 8 bis rue Sainte-Catherine. Du 5 au 27 juillet à 17h. Tél. : 04 90 86 74 87.
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