« Silver Rosa » de Yuval Pick : une danse collective et puissante
Le chorégraphe au style intense et percutant [...]
Le « Portrait » Trajal Harrell du Festival d’Automne déplie une sorte de bazar savamment orchestré qui se moque de tout et d’abord de soi-même, y compris dans sa dimension hyper hype et gay.
Dès 2009, le chorégraphe américain Trajal Harrell invente un nouveau style de danse en forme de question : que serait-il arrivé si un artiste issu du voguing né dans le monde underground des « balls » de Harlem en 1963 avait débarqué au sein des très conceptuels spectacles de la Judson Church ? La rencontre entre ces deux mondes totalement opposés en termes sociaux, raciaux et artistiques aurait sans doute produit quelques étincelles. La pièce s’intitule donc Twenty Looks or Paris is burning at the Judson Church (référence au célèbre film américain de 1991 Paris is burning) et Harrell, chorégraphe contemporain, y lance l’idée d’un choc de cultures et d’une histoire de la danse revisitée. Depuis, le dialogue se poursuit et s’intensifie, et Trajal Harrell propose des œuvres composites qui imaginent autant de rencontres fortuites entre danse conceptuelle et culture pop ou technique savante et art underground. Le Portrait que lui consacre cette année le Festival d’Automne rend compte, à travers de nombreux spectacles, de la pertinence de cet artiste aujourd’hui.
Esprit et fantômes
Un an après Le fantôme de Montpellier rencontre le Samouraï (2015), consacré à une improbable confrontation entre Dominique Bagouet et Tatsumi Hijikata, In the Mood for Frankie se concentre sur la vie et l’œuvre de ce dernier fondateur du butô, cette danse « obscure » qui conjugue érotisme et déréliction des corps. Mais bien sûr, Hijikata est le prétexte à de nouvelles divagations et croise d’autres grandes figures, passées par le filtre imaginatif d’Harrell : Kazuo Ohno, La Argentina, la danseuse de butô Yoko Ashikawa, mais aussi Katherine Dunham, le réalisateur Wong Kar-wai, la styliste Rei Kawakubo (Comme des garçons) ou la chanteuse Sade… Il y interroge le statut de la muse en compagnie de Thibault Lac et Ondrej Vidlar, les véritables interprètes et muses de Trajal. Sister or He Buried the Body s’inscrit dans le même cycle Hijikata et questionne la figure plus ou moins fictive de sa sœur disparue, dont il dit avoir endossé la personnalité. Bien sûr, rien n’est simple chez Harrell, et le voici qui retrouve Katherine Dunham dans un solo/installation à découvrir dans le cadre des Nymphéas de Monet au musée de l’Orangerie.
Agnès Izrine
à 19h30 et 21h30. Durée 50 minutes. Tél. : 01 55 04 60 60.
Sister or He Buried the Body. Musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries (côté Seine) 75001 Paris. 25 septembre à 19h et 20h30. Durée 25 min. Tél. 01 44 77 80 07.
Le chorégraphe au style intense et percutant [...]