Les Désaxés
Le quatuor de saxophones va du classique au [...]
Thibaut Wenger met en scène Platonov avec fulgurance et énergie. La bande de jeunes acteurs qu’il dirige s’empare de cette matrice libre et ouverte avec sensibilité, facétie, passion et désinvolture.
La maison de la Générale Voïnitsev recommence à vivre après la léthargie hivernale. Le vin et les rires vont mettre fin à l’ennui, mais pour que la fête soit totale, on attend Platonov. Qu’arrive enfin ce Dom Juan de pacotille, esprit fort et grand buveur, et l’asthénie générale se dissipe en éclats de rire et coups de gueule. Néanmoins, le vaudeville tendre et drôle tourne bientôt au drame. Tout à l’ivresse de l’alcool et des femmes, Platonov joue en pantin pitoyable la partition de sa détresse. Instituteur sans diplôme, époux infidèle et intellectuel raté, homme sans caractère plutôt que sans qualités, libre penseur et esprit fort, intelligent au milieu des sots, grand buveur et amateur de jupons, il n’est ni tout à fait grand seigneur ni vraiment méchant homme.
Force et liberté du jeu
« Monter le brouillon Platonov est une aventure », dit Thibaut Wenger. « C’est un extraordinaire mobile pour le jeu », puisqu’il faut réussir à éclairer, sans les réduire, les contradictions de ce personnage agaçant et sublime, qui s’ennuie tellement qu’il ne parvient même pas à brillamment rater sa vie, qui perd les femmes en même temps qu’il se laisse perdre par elles et cherche en vain au fond des bouteilles une dive inspiration qui viendrait ragaillardir l’espoir d’un sens, d’un but ou d’une rédemption. Entre vitalité et dépression, entre jeunesse encore vivace et prématurément aigrie, les comédiens de la bande réunie par Thibaut Wenger animent avec ferveur cette jubilatoire machine à jouer.
Catherine Robert
Avignon Off.
à 22h30 ; relâche les 12 et 19 juillet. Tél. : 04 32 76 20 43.
Le quatuor de saxophones va du classique au [...]