L’ogre Intact
Le nouveau projet du guitariste et [...]
Auteur de deux albums largement salués à leur sortie au printemps dernier, Ping Machine, l’une des grandes formations de jazz parmi les plus inventives du paysage hexagonal, instaure un rendez-vous régulier au Studio de l’Ermitage à Paris afin d’illustrer en public ses différents répertoires conçus par la plume fertile de son chef, le guitariste Frédéric Maurin.
A quelle fréquence allez-vous vous produire au Studio de l’Ermitage ?
Frédéric Maurin : Le principe est de faire deux concerts par semestre, soit un tous les trois mois, une bonne fréquence pour Paris. Ayant sorti deux disques qui correspondent à deux programmes distincts, nous allons les alterner. C’est aussi l’occasion pour nous de réfléchir à mettre en place autour des concerts un travail sur les lumières et la disposition scénographique de l’orchestre, d’avoir l’ambition de proposer, en termes de plateau, quelque chose qui soit à la hauteur du répertoire. Quand un orchestre est beau à voir cela n’enlève rien à la musique mais cela permet de toucher un public un peu plus large.
« L’ambition de proposer, en termes de plateau, quelque chose qui soit à la hauteur du répertoire. »
Quelle distinction faites-vous entre vos deux programmes ?
F. M. : Avant tout des distinctions de forme, ce qui est au centre de ma réflexion de compositeur. Le projet que j’ai appelé de façon un peu ironique « Easy Listening » est dans la continuité de ce que l’on faisait auparavant : des pièces courtes, entre 8 et 15 minutes, sur un format assez habituel pour un orchestre de jazz de cette taille. En revanche, concernant « Ubik », il s’agit d’une pièce en soi, concertante, d’une durée d’un peu plus d’une heure, qui forme donc un programme entier, un peu comme dans la musique contemporaine. C’est une sorte de labyrinthe musical qui emprunte plein de chemins mais selon une forme linéaire, pensée comme un film, un roman, un parcours artistique, qui suppose une capacité à entrer dans un univers. Le rapport au concert n’est pas le même. C’est aussi un challenge pour nous en tant que musiciens, avec des parties écrites plus longues que ce que l’on a l’habitude de jouer. Il s’agit vraiment d’une autre approche.
Quel rapport entretient-elle à l’œuvre de Philip K. Dick ?
F. M. : C’est une inspiration comme une autre. Comme David Lynch ou Stanley Kubrick dans un autre domaine. En musique, les inspirations sont parfois d’ordre technique (de l’ordre de la forme, du rapport de timbres, du rapport à la disparition de mélodies et au fait d’aller vers une musique plus timbrale), mais il y a aussi cet élément purement poétique ou narratif. Bien qu’il y ait une forme d’abstraction dans la musique, tout le monde peut en percevoir la dimension narrative.
Propos recueillis par Vincent Bessières
Le lundi 5 décembre (Ubik), le jeudi 23 mars (Easy Listening) et le jeudi 18 mai (Ubik). Tel. 01 44 62 02 86. Places : de 13 à 15€.
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