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Danse - Entretien / Stephanie Lake

Pile of bones, chorégraphie de Stephanie Lake

Pile of bones, chorégraphie de Stephanie Lake - Critique sortie Danse Paris Chaillot - Théâtre national de la danse
Crédit : Joshua Lowe La chorégraphe australienne présente Pile of Bones.

Entretien Stephanie Lake
Chaillot-Théâtre National de la Danse / chor. Stephanie Lake

Publié le 19 avril 2019 - N° 276

Retour à Chaillot de la chorégraphe australienne, dont la reconnaissance internationale commence seulement à chatouiller nos oreilles. Retenons bien le nom de Stephanie Lake, qui nous plonge dans sa nouvelle création.

Votre danse semble très physique, avec des mouvements rapides et précis. Vous revendiquez-vous d’une technique particulière ?

Stephanie Lake : Je suis attirée par la complexité rythmique et la précision, mais j’aime aussi l’insouciance et la liberté. C’est la superposition des deux qui m’excite le plus. En tant que danseuse, j’ai toujours aimé m’y confronter et ça ne m’a pas quittée. Je reste émerveillée devant la beauté de ce que peut faire un corps, et son incroyable capacité d’invention. Je ne suis pas l’héritière d’une technique en soi, mais le résultat de nombreuses influences physiques et intellectuelles. Je suis autant influencée par mes mentors chorégraphiques comme Lucy Guerin et Gideon Obarzanek que par les autres formes d’art, ou par la nature et le monde extérieur. La création est pour moi un processus hautement collaboratif. Je travaille en proximité avec les danseurs pour développer le langage physique et expérimenter la forme et le contenu. Mes relations avec mes collaborateurs sont la clé du succès du processus de création. Pendant les répétitions, je combine des mouvements qui viennent de mon propre corps avec des stimuli et des images que je donne aux danseurs et des improvisations aux paramètres bien définis. Le processus est une constante recherche de ce qui va susciter mon imagination ou sonner juste. Avec les danseurs, on travaille à l’intuition mais aussi de façon très rigoureuse.

« La création est pour moi un processus hautement collaboratif. »

Dans Pile of Bones, les corps semblent mus par des forces invisibles, ou se manipuler entre eux. D’où vient votre inspiration ?

S. L. : À l’origine, le travail résultait d’une recherche autour des notions de protection et d’intimité, parallèlement à la question de la violence ou de la rupture. Je me suis ensuite intéressée au mouvement lorsqu’il est conduit par un moteur intérieur, ou par des forces extérieures manipulant les corps. Les danseurs sont soit manipulés par eux-mêmes, soit par une force extérieure. Il y a la sensation d’un contrôle venant de l’extérieur de soi, d’où une réflexion sous-jacente sur l’agitation ou la perte de contrôle dans nos vies.

Le spectacle est composé de scènes aux atmosphères différentes, allant du noir à la couleur. Pourquoi ?

S. L. : Je voulais créer une œuvre allant du petit, calme et contenu, au grand, fort et expansif tout au long de la performance. Dans ce cheminement, il y a plein de diversions et de détours, mais c’est ce qui sous-tend la structure. Je voulais explorer cette myriade de façons par lesquelles les choses peuvent évoluer et muter à travers le temps et l’espace.

Vos mouvements oscillent entre torsions, palpitations, tremblements, actions et réactions, et parfois des variations fluides. Est-ce un reflet de votre vision du monde ?

S. L. : Je suppose que oui. Mais comme je le disais, je travaille de façon très intuitive, on pourrait donc dire que c’est mon subconscient qui parle à travers mes choix chorégraphiques. Le monde est plein de couleurs, de stimulations et de changements rapides. C’est beau et brutal à la fois. Le corps dansant peut refléter avec précision la complexité de l’existence humaine, avec toutes les torsions, les tremblements et les variations que nous expérimentons à tout moment et tout au long de la vie.

 

Propos recueillis par Nathalie Yokel

A propos de l'événement

Pile of bones, chorégraphie de Stephanie Lake
du jeudi 23 mai 2019 au mercredi 29 mai 2019
Chaillot - Théâtre national de la danse
1 place du Trocadéro, 75016 Paris

Du 23 au 29 mai 2019 à 19h45, le 25 mai à 15h30 et 19h45.

Tél. : 01 53 65 30 00.

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