Le Dernier Ogre de Marien Tillet
Un conteur, un guitariste, un dessinateur : [...]
Avignon / 2019 - Entretien / Pierrette Dupoyet
Presque quatre décennies sur les planches estivales, plusieurs spectacles à chaque fois, une ferveur et un enthousiasme inégalés et des aficionados qui l’attendent à chaque édition : Pierrette Dupoyet revient avec deux reprises et une création.
Où trouvez-vous l’énergie d’un tel engagement ?
Pierrette Dupoyet : Pour moi, le théâtre n’est pas un métier, c’est une façon de vivre. Depuis toujours, j’ai, chevillée au corps, l’envie de partager des émotions, des valeurs. J’ai besoin aussi de faire entendre les voix de personnes qui ont été empêchées, bâillonnées. L’énergie que je déploie me vient précisément des autres. J’aime les gens, comme on aime respirer du bon pain ou regarder un beau paysage. Chaque vie me bouleverse. Le rôle de l’art est de s’emparer du quotidien, de le projeter dans la lumière afin d’en faire un chemin pour tous.
Pourquoi reprendre Apollinaire, au revoir, adieu et Madame Guillotin ?
P. D. : A chaque festival, je tente un trio qui bouscule, caresse, étonne. Cette année, un sujet de société fort (le don d’organes), un sujet plus tendre, voire romantique (Apollinaire) et un sujet qui mêle réflexion sur l’effervescence du monde et regard amusé sur les à-côtés (Madame Guillotin et sa guillotine miniature pour trancher les légumes !). J’ai le sentiment que chaque spectateur vient au festival en état de gourmandise, or chacun a en lui une part d’enfance, un rêve fou, les motifs d’une grande colère mais aussi les clés d’un possible bonheur, à portée de main. Mes spectacles sont une façon de lui tendre un miroir, comme on le ferait à un ami.
Vous créez Le Don. Pourquoi ce thème ?
P. D. : C’est lors du spectacle que j’ai créé il y a deux ans sur Jacqueline Auriol et la greffe de visage que j’ai eu l’occasion d’approcher le monde de la chirurgie réparatrice et de la transplantation. J’ai senti une urgence à évoquer ce sujet car la vie mérite que nous mettions toute notre énergie à la faire triompher, partout, toujours ! Dès l’instant où l’on fait ce choix du don, le mot mort disparaît et seule triomphe la vie… La gratuité et l’anonymat garantissent, de surcroît, la générosité de cet acte purement humaniste. J’ai, pendant six mois, fréquenté des hôpitaux, rencontré tous les acteurs de cette chaîne d’espoir et j’ai été saisie par la force et la beauté de leur engagement. Dans le spectacle, je joue une mère à qui l’on apprend que sa fille est en mort cérébrale : vient le moment du choix… Ce spectacle est d’abord et avant tout un jaillissement, une salve d’espérance et de réconfort intense, celui de savoir qu’une vie qui s’arrête permet à d’autres vies de renaître ailleurs… C’est donc de la vie après la vie !
Propos recueillis par Catherine Robert
à 11h35.
Madame Guillotin au Théâtre de l’Albatros, 29, rue des Teinturiers, à 14h30.
Le Don au Théâtre de la Luna, 1, rue Séverine, à 17h55.
Tél. : 06 87 46 87 56.
Parution de l’ouvrage Au fil des rêves à découvrir pendant le festival.
Un conteur, un guitariste, un dessinateur : [...]
Puisqu'on y danse, bien sûr, aussi l'été, [...]