De la rue au plateau : « La Chair de l’Objet », un dialogue dansé entre la jeunesse contemporaine et David Drouard
David Drouard crée une pièce née d’un [...]
« Que faire quand on a 14 ans depuis 45 ans ? » : c’est la question que se pose aujourd’hui Sheila O’Connor, qui jouait Pénélope dans La Boum. À la fois déclaration de haine et d’amour à son personnage, sa mère et aux années 80, cette pièce drôle et touchante de la Cie Saudade fait le bilan d’une vie qui se regarde en face.
On s’attend au récit d’une enfant star et nous voilà propulsés dans le 18ème : Barbès, Château Rouge, Marx Dormoy. Sheila est une « louloute » qui vole dans les magasins (seulement les grandes enseignes, attention !) et se bagarre. Elle vit dans un 25m2 sans douche avec sa mère, une anglaise débarquée de London. Battue par son mari, elle décharge la violence qu’elle a reçue sur sa fille qui, aujourd’hui sur scène, lui pardonne tout. Car cette pièce autobiographique est empreinte d’une nostalgie réfléchie. Avec l’aide des années, elle a su séparer le bon grain de l’ivraie. En revanche, elle ne pardonne pas aux producteurs, réalisateurs et acteurs qui ont, dès ses débuts au cinéma à 14 ans, tenté de la violer. Chaque fois, elle leur a répondu à grand coup de pieds dans l’entrejambe, de gifle bien sentie. Dignité sauve mais carrière ruinée. Heureusement, il y a eu La Boum, une époque bénie où, après le tournage, elle mentait à sa mère pour rester plus tard dehors et aller chez Raoul pour une boum, une vraie de vraie cette fois, avec alcool, cigarettes… La joie communicative de la comédienne fait son effet et on en viendrait presque à regretter un temps que l’on n’a pas vécu.
Sheila VS Pénélope
Pendant longtemps, Sheila a détesté son personnage. À mesure que ses opportunités dans le cinéma s’amenuisaient, elle prenait de plus en plus de place, lui rappelant son échec. C’est alors que Pénélope (incarnée par Bertille Mirallié) fait irruption sur le plateau. Fidèle à elle-même, elle défie sa version cinquantenaire à coup de vannes cinglantes, la bombarde de reproches. Le temps d’un jeu à deux s’ouvre. Un procédé plutôt classique mais qui fonctionne bien puisque les clashs laissent rapidement place à une complicité totale. On rit beaucoup du franc-parler de Sheila O’Connor, des anecdotes de ses mille vies après le cinéma (assistante sur des tournages de film porno notamment !). Il faut dire qu’elle ne l’a pas eue facile. Heureusement, sa débrouillardise et sa résilience ne l’ont jamais quittée. C’est un plaisir de l’écouter raconter chaque épisode, parfois en musique, parfois en danse, parfois en rejouant des dialogues avec Bertille. Comme un synthé des années 80, la pièce dégage une mélodie claire, aux notes hautes et entraînantes. Voilà le bilan d’une vie en bonne et due forme, qui, sans passéisme ni illusions, donne envie de vivre la suite.
Enzo Janin-Lopez
à 20h10, relâche les 10, 17 et 24 juillet
Durée : 1h10
Tél : 04 90 25 63 48
David Drouard crée une pièce née d’un [...]
Nolwenn Le Doth s’entoure d’un chœur de [...]
Dans Monsieur Jean ou l’homme poubelle, [...]