La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Critique

Pasionaria de Marcos Morau et La Veronal

Pasionaria de Marcos Morau et La Veronal - Critique sortie Danse Paris Chaillot - Théâtre national de la danse
Alex Font Pasionaria de La Veronal.

Chor. Marcos Mauro

Publié le 28 février 2019 - N° 274

Marcos Morau et La Veronal sont des habitués de Chaillot. Dans cette nouvelle création, la passion souffle le froid et même le glacial.

Marcos Mauro, à la tête de La Veronal, revient avec une nouvelle création, Pasionaria. Comme toujours chez le chorégraphe, le titre représente moins un mot ou une idée qu’un faisceau d’images propre à se déployer dans de grandes fresques aux allures cinématographiques. Pasionaria ne déroge pas à la règle et a été choisi pour sa symbolique forte où hommes et gestes, telles des empreintes et des balises sur un chemin faiblement éclairé, sont chargés d’énigmes et de contradictions, dont la réalité est perpétuellement remise en question. Qu’est-ce que la passion ? Une obsession ? Ce qui fait souffrir et nous anime ? Ce qui nous distingue en tant qu’humains ? Voilà un bon point de départ. Mais au lieu de chercher à mettre en gestes l’éventail des désordres de l’âme et du corps, Marcos Mauro a, au contraire, chorégraphié des personnages robotiques, à l’équivoque inquiétante, amenuisant la frontière de l’animé et de l’inanimé.

L’enfance dévastée

Dans un décor d’une neutralité assommante, canapé beige, murs grèges, et rampe grise, se meuvent les tenants d’une nouvelle humanité, désaffectée mais pas désœuvrée, maniant sans relâche cartons et paquets tels les manutentionnaires acharnés de la vente en ligne, passant l’aspirateur, le tout sans état d’âme et même sans y penser. Sonneries, buzz en tout genre, et téléphone old style rythment cette dystopie, dans laquelle même la musique distille des airs de déjà vu, passant Bach à la moulinette. Ici les gestes se répètent autant que les parcours, sauf accident. Comme souvent chez Marcos Mauro, hyperréalisme et surréalisme se confondent aux confins du bien et du mal. L’enfance joue un rôle central, et raconte un monde dévasté, angoissant à souhait, où les bébés naissent sans bras ni jambes, ou, au contraire, un peu trop pourvus de membres. Humains ou robots ? Peut-être les deux. A l’heure du transhumanisme et du corps augmenté, tout est possible. Seuls la passion, l’amour ou la souffrance pourront faire la différence, si tant est qu’elles puissent encore exister !

Agnès Izrine

A propos de l'événement

Pasionaria de Marcos Morau et La Veronal
du jeudi 4 avril 2019 au samedi 6 avril 2019
Chaillot - Théâtre national de la danse
1 place du Trocadéro, 75016 Paris

Jeu. 4 et sam.6 à 19h45, ven. 5 à 20h30. Durée 1h00. Tél. : 01 53 65 30 00. Spectacle vu le 20 novembre 2017 à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône dans le cadre du Festival Instances.

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