L’Attentat
A travers le roman de Yasmina Khadra, la [...]
Avignon / 2013 - Entretien Stanislas Nordey
C’est l’un des deux artistes associés de cette 67ème édition du Festival d’Avignon. Pour sa première création dans la Cour d’honneur du Palais des papes, Stanislas Nordey met en scène Par les villages, de Peter Handke.
Pour quelles raisons avez-vous choisi de créer ce « poème dramatique » de Peter Handke ?
Stanislas Nordey : Lorsque Hortense Archambault et Vincent Baudriller m’ont proposé d’être artiste associé au festival, l’idée était évidemment de créer un spectacle dans la Cour d’honneur. Après avoir immédiatement mis de côté toutes les histoires de princes et de rois – ce qui élimine beaucoup de pièces ! – je me suis dit qu’il serait intéressant de faire entendre une parole ouvrière. J’ai bien sûr tout de suite pensé à Brecht, mais son écriture m’a toujours semblé un peu démonstrative… C’est alors que je me suis souvenu d’une phrase du monologue de Hans, dans Par les villages : « Nous les exploités, les offensés, les humiliés, sommes peut-être le sel de la terre… ». J’ai relu la pièce et elle s’est imposée comme une évidence.
Quelles sont, pour vous, les questions essentielles de ce texte à la fois intime et épique ?
St. N. : La question de l’héritage, de la transmission. Qu’est-ce qu’on lègue ? Peut-on oui ou non sortir de sa condition sociale ? Ces questions sont posées à travers l’opposition de deux frères : l’un intellectuel, l’autre ouvrier. Dans Par les villages, Peter Handke parle aussi de la force de l’art, qui porte l’espoir de l’humanité. Comme lui, j’ai toujours cru en cette puissance-là, la puissance de l’art, qui nous permet de regarder le monde autrement.
Et puis, ce que j’aime dans ce texte, c’est qu’il traverse tous les âges : l’enfance, la jeunesse, la maturité, la vieillesse… La fragilité de l’être humain est explorée à chaque étape de la vie. Par les villages est une œuvre très ouverte, une œuvre qui aide à réfléchir.
Une œuvre qui vous permet de réaffirmer, une fois de plus, le théâtre que vous défendez depuis vos débuts…
St. N. : Oui, un théâtre de texte, un théâtre de la parole dont le postulat est de faire confiance à l’intelligence du spectateur, de lui donner à penser mais aussi à rêver. Cela grâce à la force de la poésie, grâce à l’exigence de clarté et d’opacité des grands textes de la littérature.
A la suite de cette création, vous présentez Eloge du désordre et de la maîtrise avec Michelle Kokosowski. De quoi s’agit-il ?
St. N. : Dans le cadre de mon association au festival, j’ai eu envie de mettre en avant de jeunes créateurs, mais aussi de témoigner de ce qui m’a un jour fait avancer. Or, Michelle Kokosowski (ndlr, qui a créé et dirigé l’Académie expérimentale des théâtres) m’a fait avancer. J’ai souhaité inventer avec elle un moment témoignant de ce qu’elle m’a apporté, un moment qui prendra la forme d’une conversation ouverte, en trois séquences. De 15h à minuit, en compagnie d’Anatoli Vassiliev, nous reviendrons ainsi sur son enseignement : à travers nos discussions, mais aussi à travers des archives sonores et vidéo.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
A travers le roman de Yasmina Khadra, la [...]