Danser pour ouvrir la perception
Carolyn Carlson est la fondatrice de [...]
Le Tanztheater Wuppertal présente une pièce charnière dans l’œuvre de Pina Bausch.
Le mur se dresse dans toute son imposante impudence, barrant l’horizon du noir présent. Immense et pourtant pulvérisé en une déflagration : les moellons jusqu’alors tranquillement serrés s’effondrent dans un fracas de poussière et gisent au sol en un champ de ruines. Ainsi s’ouvre Palermo, Palermo, créé en janvier 1990, au Teatro Biondo, quelques mois après la chute du mur de Berlin. « Faites-moi la grâce de croire que ce mur pré-existait à la chute de celui de Berlin qui fut, de toute façon, une très belle image, expliquait alors la « Grande dame » de Wuppertal. Non, ce mur est celui du palais qui s’écroule à côté, les murs invisibles qui existent partout dans le monde, dans nos têtes… Vous savez bien que j’essaie autant qu’il se peut d’ouvrir à ce point le sens qu’il en devient indéterminé. A chacun de se projeter dans mes spectacles selon son imagination, ses fantasmes, son histoire. »
L’âpreté de la vie
Nourrie au cours d’une résidence de recherche à Palerme, cette pièce inaugure un processus de création que Pina Bausch continuera longtemps d’explorer. Pas de folklore sur scène, ni de pittoresque, mais plutôt des comportements piqués sur le vif, des ambiances croquées en quelques détails typiques et saynètes surréalistes : des pluies de sable rose, des ordures, des cigales, des cloches obstinées, des mafiosi en gabardine et des coups de revolver. Et puis une « mamma » qui se donne des allures de diva, distribue des ordres, espère des baisers volés ou brise sa solitude, bien rangée sous les tâches ménagères. Taillée à même la personnalité des interprètes, la danse laisse échapper ce que chacun retient au fil de la raison : la joie et la peur mêlées d’être au monde, les gestes intimes et autres blessures secrètes. Car, sous le flambant des parades sociales, résonne le cri désespéré de l’amour.
Gw. David
Du 21 juin au 5 juillet 2014, à 20h30, sauf dimanche à 17h, relâche les 23 et 28 juin et le 2 juillet. Tél. : 01 42 74 22 77. Pina, exposition de photographie de Walter Vogel, du 20 juin au 5 juillet. AHMEN Ahmen, projection du film le 2 juillet à 20h30. Hommage à Pina Bausch & au Tanztheater Wuppertal, cycle de 7 films, du 19 au 27 juin, au Goethe Institut.
Carolyn Carlson est la fondatrice de [...]