The Old Woman
Le Festival d’Automne à Paris et le Théâtre [...]
Jacques Osinski, directeur du Centre dramatique national des Alpes à Grenoble, met en scène Orage (1907) de Strindberg, pièce de chambre sur le temps. Un homme retiré du monde semble avoir figé le temps dans une immobilité tranquille. Un orage traverse sa vie…
« Depuis ma mise en scène du Songe (2006), j’avais envie de revenir à Strindberg. J’ai relu par hasard cette oeuvre très rarement jouée. Avec La Sonate des Spectres ou Le Pélican, c’est l’une de ses “pièces de chambre“, un texte très court de la fin de sa vie dont le personnage central, appelé Monsieur et interprété par Jean-Claude Frissung, s’est retiré du monde. Il vit de manière très solitaire dans l’entresol d’une maison, avec sa gouvernante, une jeune parente. Au-dessus d’eux un couple s’est installé, et on s’aperçoit que c’est l’ex-femme de Monsieur – beaucoup plus jeune que lui, qu’il a quittée par crainte de la différence d’âge – et son nouveau mari qui ont emménagé. « C’est comme un nuage rouge, une menace d’orage au-dessus de nos têtes ; qu’est-ce que c’est que ces gens ? » confie Monsieur.
Enserrer la vie sous une cloche de verre
Aucune ellipse temporelle n’intervient dans la pièce, seuls des changements de focale dans un lieu unique structurent les actes. Cela m’intéresse et me touche beaucoup de parler de cet homme en retrait du monde, habité par ses souvenirs. Cette œuvre m’évoque le film La ballade de Narayama de Imamura, où à un certain âge les parents doivent aller mourir dans la montagne. Orage est une pièce calme, très apaisée, où la tension est moindre que dans les autres œuvres de Strindberg, où la menace et la violence demeurent sourdes, feutrées. Monsieur songe à immobiliser le temps, à enserrer la vie sous une cloche de verre, et ce pouvoir dont il rêve, le théâtre le possède plus que tout autre art… »
Propos recueillis par Agnès Santi
Le Festival d’Automne à Paris et le Théâtre [...]