« Révolte ou Tentatives de l’échec » : Johanne Humblet forme un quintette de femmes qui défie tous les vertiges de l’existence
Johanne Humblet forme un quintette de femmes [...]
Avec Ombres portées, Raphaëlle Boitel signe une œuvre puissante. Dans l’espace sculpté par les lumières de Tristan Baudoin, les interprètes, murés dans le silence, expriment par leur corps le secret familial qui les ronge. Une vision cinématographique, des mouvements millimétrés, une histoire vénéneuse : Ombres portées est un spectacle maîtrisé, à la croisée des disciplines.
Cela commence dans la violence. Au-dessus du plateau, Vassiliki Rossillion se balance sur une corde volante. En projetant une rage impressionnante, elle nous fait comprendre la déchirure impensable qui a fait basculer la vie de son personnage dans un enfer qui ne dit pas son nom. Noir. On découvre la famille : le frère, les sœurs, le futur beau-frère un peu coincé. Et le père, massif, muet, noyé dans les ombres, l’objet de toute la colère de sa fille. Un crime a eu lieu que tout le monde s’arrange pour ne pas conscientiser, alors qu’il ravage la famille et obère l’avenir. Les Ombres portées, ce sont celles des non-dits, qui projettent leur obscurité sur la vie de tout le monde. Raphaëlle Boitel prend de front un thème sombre, et n’escamote rien de ce qui le rend terrifiant, tout en esquissant, peut-être, des voies vers la réparation.
Une mise en scène cinématographique pour une chorégraphie de cirque
Les Ombres portées, ce sont aussi celles des éclairages extraordinairement travaillés qui déchirent l’espace de rais fulgurants qui laissent le reste dans le noir. Tous les personnages sont ballotés entre l’obscurité qui les engloutit ou la lumière qui les frappe avec une telle force qu’ils en sont renversés. Au-delà de cette métaphore, la bande-son rock diffusée en son spatialisé, la façon très nerveuse de découper le spectacle par séquences, de construire des tableaux chargés de sens, rappellent que Raphaëlle Boitel met en scène comme d’autres réalisent des films. Les interprètes sont impeccables, les corps traduisent le conflit intérieur, la culpabilité qui les secouent. C’est un spectacle fort, exigeant, qui ne laisse pas indifférent.
Mathieu Dochtermann
à 20h30.
Tél. : 01 41 87 20 84.
Egalement le 30 janvier 2024 au Théâtre Gallia, scène conventionnée de Saintes, les 2 et 3 février à la Scène nationale Carré-Colonnes, Saint-Médard en Jalles, les 6 et 7 février à Espace Pluriels, Scène conventionnée de Pau, le 29 février et le 1er mars à la Maison des Arts de Créteil, du 5 au 7 mars à Théâtre-Sénart, Scène nationale de Lieusaint, les 21 et 22 mars au CDN de Normandie-Rouen, et les 29 et 30 mars 2024 au Le Tangram, Scène nationale d’Evreux, dans le cadre du festival SPRING.
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