L’Anatomie de la sensation
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Fidèles à la Maison de la culture du Japon, Akaji Maro et les membres de sa compagnie de butô – Dairakudakan – y présentent deux créations : Ode à la chair et La Planète des insectes.
« Je pense qu’il y a plusieurs formes de butô, confie le fondateur de la célèbre Compagnie japonaise Dairakudakan, Akaji Maro. Un butô qui consiste à tout simplement se vider la tête, ce que j’appellerais l’école naïve. Un autre butô qui est plus spirituel. Et un butô cubiste, que je pratique. C’est une danse insaisissable et absurde qui peut être ressentie de plusieurs façons selon le regard du spectateur. (…) Le butô n’est pas un art figé, il a encore de l’avenir. Souvent, on ne nous compte pas parmi les formes de danse contemporaine, mais je me demande pourquoi on n’en aurait pas le droit. Je respire le même air de la même époque, pourquoi ne serais-je pas un danseur contemporain ? » A 72 ans, Akaji Maro est sans conteste un danseur pleinement contemporain. Il est d’ailleurs bien plus. Chercheur inspiré, observateur assidu de son époque, artiste libre qui s’ancre de manière profonde et singulière dans les différents niveaux de conscience du monde, le célèbre danseur, acteur et chorégraphe est devenu, en une quarantaine d’années (il a fondé la compagnie Dairakudakan en 1972), une véritable icône de la scène japonaise.
Un butô cubiste
Adepte de la transmission et du partage artistiques, Akaji Maro a mis en place, en 2001, la démarche de kochuten au sein de sa compagnie. « Tout danseur ayant une certaine expérience a le droit de faire une proposition de projet, explique-t-il. On désigne un leader de la pièce et je rentre en dialogue avec lui ou elle. (…) Je les laisse répéter un mois et une semaine avant la première, j’assiste au filage et donne mon avis. (…) Je tente de ne pas apporter de changement radical, je respecte l’intention du chorégraphe. J’appelle ça “la dernière touche du vieillard à la sauce”. » C’est dans ce cadre que la plus ancienne danseuse de Dairakudakan, Emiko Agatsuma, a créé Ode à la chair. Cette représentation sur « la force des femmes », sur « la vigueur de leur corps », est programmée à la Maison de la culture du Japon quelques jours avant La Planète des insectes, pièce pour 22 danseurs d’Akaji Maro qui met en rapport l’existence des êtres humains et celle des insectes. Sur une bande son du DJ Jeff Mills et du maître de « flûte shakuhachi » Keisuke Doi, cette œuvre obscure mêle des aspects futuristes et scientifiques à des éléments rejoignant l’esprit des mythes et de la prière. Proposition à portée écologiste, La Planète des insectes ne s’enferme dans aucun carcan idéologique. Car ce qu’Akaji Maro souhaite avant tout, c’est que les spectateurs voient dans cette création ce qu’ils ont envie d’y voir.
Manuel Piolat Soleymat
Du 4 au 6 juin 2015 à 20h (Ode à la chair) ; du 11 au 13 juin et les 18 et 19 juin à 20h, le 20 juin à 15h (La Planète des insectes). Tél. : 01 44 37 95 95. www.mcjp.fr
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