La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2014 - Entretien Dorian Rossel

Oblomov / Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir

Oblomov / Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir - Critique sortie Avignon / 2014 Avignon La Caserne des pompiers
Crédit visuel : Nelly Rodriguez Légende : Le metteur en scène Dorian Rossel.

La Caserne des Pompiers / d’après Ivan Gontcharov / mes Dorian Rossel La Manufacture / d’après Jean Eustache / mes Dorian Rossel

Publié le 23 juin 2014 - N° 222

Dorian Rossel présente deux spectacles dans le Off. Une double occasion, pour le fondateur de la compagnie suisse STT, de porter « un regard polysémique, ludique, poétique » sur le monde. 

Quels liens peut-on établir entre les créations que vous présentez à La Caserne des pompiers et à La Manufacture ?

Dorian Rossel : Ces deux spectacles répondent à la question : pourquoi se battre ? Alexandre – le anti-héros de Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir (texte librement adapté de La maman et la putain de Jean Eustache) – et Oblomov refusent la société productiviste, que ce soit celle du XIXème siècle ou celle des années 1970. Ce sont deux hommes qui ne veulent pas s’inscrire dans le monde qui leur est proposé.

 

Pouvez-vous, en quelques mots, présenter ces deux projets ?

D. R. : Oblomov est une satire de l’aristocratie du XIXe siècle. En préférant son divan à toute vie et activités sociales, le personnage d’Ivan Gontcharov est devenu un mythe en Russie. Mais derrière le sommeil, il incarne aussi la peur de s’engager dans le monde. Oblomov est double : lâche dans son inactivité, courageux dans ses choix de refus. Il questionne le sens de notre action et la course au productivisme caractéristique de notre époque. Quant à Alexandre, il épuise les ressources de la parole pour masquer une réalité sociale dans laquelle il ne veut pas s’inscrire. A travers lui et le couple à trois qu’il forme avec Marie et Véronica, Jean Eustache dresse le portrait d’une jeunesse en marge des modèles traditionnels. Il pose la question universelle de l’injustice fondamentale qui préside aux jeux de l’amour et des souffrances qui en découlent.

 

« J’aime suggérer des envies, éveiller les spectateurs à des questionnements existentiels… »

La compagnie STT a pour ambition de « développer un théâtre accessible, direct mais exigeant, singulier et contemporain ». En quoi ces deux spectacles s’inscrivent-ils dans cette démarche artistique ?

D. R. : Avant tout, ce sont deux textes majeurs et il me semble important de les dire aujourd’hui. Ils éclairent notre époque. J’aime suggérer des envies, éveiller les spectateurs à des questionnements existentiels, essayer de leur transmettre la curiosité et les interrogations que des textes ont fait naître chez moi.

Quel regard cette curiosité et ces interrogations vous amènent-elles à porter sur le monde ?

D. R. : Un regard polysémique, ludique, poétique. Le propos et la forme doivent résonner avec l’ici et le maintenant, en générant une écoute sensible liée à l’intelligence du spectateur. Je suis à la recherche d’un théâtre qui rassemble et donne l’envie de se questionner, de s’ouvrir aux autres, de se dépasser, d’apprendre, d’aimer, de sortir de ses préjugés… Un théâtre conçu comme une invitation à entrer dans un univers délicat, exigeant et complexe, miroir de notre monde.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

D. R. : La particularité des mises en scène de la compagnie STT réside dans le fait qu’elles ne se construisent généralement pas autour d’un texte du répertoire théâtral, mais à partir d’une problématique contemporaine. Nous pouvons partir de romans, de récits, de films, de documentaires ou de bandes dessinées. Nos spectacles se construisent à travers un va-et-vient entre élaboration dramaturgique et travail du plateau. La dimension empirique de cette démarche est fondamentale. Elle implique une réévaluation permanente de ce qui se construit au fil des sessions de recherche et des répétitions.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Oblomov / Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir
du dimanche 6 juillet 2014 au samedi 26 juillet 2014
La Caserne des pompiers
116 Rue Carreterie, 84000 Avignon, France

Avignon Off.

La Caserne des Pompiers, 116 rue Carreterie. Oblomov, du 7 au 23 juillet à 15h, relâche les 12 et 17. Tél. : 04 90 84 11 52.

La Manufacture, 2 rue des Ecoles. Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir, du 6 au 26 juillet à 10h50, relâche le 16. Tél. : 04 90 85 12 71.

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