Chaillot Expérience 7 : Focus numérique avec Adrien M & Claire B, Gilles Jobin, la Compagnie Aφe, Julie Desmet Weaver, Eugénie Andrin, Claire Allante
Le dernier Chaillot Expérience de la saison [...]
entrée au répertoire - danse contemporaine - critique
Le Ballet de l’Opéra de Paris fait sonner l’écriture fluide de Wayne McGregor dans The Dante project pour une entrée au répertoire, avec plusieurs étoiles dans le casting. Musique et danse déploient des mondes fantastiques fascinants, qu’on aurait aimé encore plus éclatants.
C’est une traversée partant des limbes lugubres, vers des lueurs divines en passant par l’espace flottant du purgatoire. Ambitieux programme. The Dante project, ballet en trois actes, est une réécriture pour le Royal Ballet du poème The Divine Comedy de Dante par le chorégraphe britannique Wayne McGregor et le compositeur Thomas Adès. Un succès lors de sa création en 2021. Pour son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris, c’est l’étoile Germain Louvet qui endosse, altier, le rôle principal du poète en errant dans ces mondes fantastiques. Dans une grotte infernale aux parois rocheuses, il se tient, vêtu d’une toge d’un bleu éclatant, parmi les âmes qui virevoltent et ondulent (en académiques sombres). Irek Mukhamedov en Virgile (mais aussi maître de ballet du spectacle) le toise, en toge ocre, surplombé par un miroir au plafond. En s’aventurant dans les différents cercles de l’enfer, le poète croise des corps ondulants (dont Guillaume Diop) qui font jaillir grands battements et pirouettes. Puis sa vie et celle de sa muse Béatrice (Hannah O’Neill) défilent dans un bref passage au purgatoire, devant le tableau lumineux d’une scène extérieure. Dans le dernier tableau, il embrasse les corps célestes en académiques clairs au paradis, baignés dans des lumières colorées.
Éclat fantastique
La magie de ce ballet fantastique se niche assurément dans l’entrelacs de l’écriture aux gestes souples et étirés de Wayne McGregor et de la composition de Thomas Adès, qui opère milles métamorphoses, tantôt dense, crépitante, entraînante, infernale ou éthérée. La chorégraphie met en valeur un vocabulaire que l’on pourrait nommer néo-classique : grands battements vertigineux où les jambes volent dans l’air, piqués saisissants, accompagnés par une souplesse du buste presque liquide. Les portés acrobatiques s’enchaînent, parfois dans des variantes avec deux hommes ou deux femmes. Malgré ce terreau fertile, on attendait une version plus éclatante. Serait-ce la transposition de la scénographie pour la scène du Palais Garnier, parfois un peu sombre ? L’interprétation des danseuses et danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris, à la technique ciselée, mais plus sobre en termes de théâtralité que celle du Royal Ballet ? Il manque en tout cas peu de chose pour nous en mettre plein les yeux.
Belinda Mathieu
www.operadeparis.fr Tél : 01 71 25 24 23. Durée : 2h45 avec deux entractes.
Le dernier Chaillot Expérience de la saison [...]