Noces de sang

« Noces de sang est un pur sang de l »écriture théâtrale. C’est un bijou littéraire et dramatique qui mêle une part importante d’intime et de réalisme, presque de naturalisme, et une part essentielle de poésie, de baroque, d’épique », note William Mesguich. Le metteur en scèneprend appui sur l’adaptation de Charlotte Escamez, qui souligne que cette tragédie en trois actes et sept tableaux de Lorca « résonne au-delà du contexted’une Andalousie (et d’une Espagne) archaïque et matriarcale.  Bodas de Sangre est un drame, oui, un drame comme il s’en passe aujourd’hui, dans les villes et dans les campagnes, où un homme a perdu la tête, où une femme s’abandonne alors qu’elle n’aurait pas dû, où la mort s’en mêle car elle semble la seule résolution possible ». 

Une tragédie populaire

Noces de sang trouve sa source dans un fait divers datant de 1928, dans une ferme aux alentours d’Almeria. Lorca mettra trois ans avant d’écrire le drame que sa compagnie La Baracca fera entendre sur les routes d’Espagne, là où le théâtre n’est pas. Aux yeux de William Mesguich, ce mariage paysan « avantageux » mais contraint, qui met en scène un fiancé à peine sorti des jupes de sa mère, veuve possessive, promis dédaigné par une fiancée baignant dans le souvenir de ses premières amours, se réfère à la tragédie antique. « Dans les tragédies grecques, souligne-t-il, l’homme est comme accablé par la main tragique d’une nécessité, d’une puissance divine qui révèle la nature humaine, la bouleverse, la violente, et parfois la détruit jusqu’à la mort. Lorca est alors, peut-être, le frère d’écriture de Sophocle ou d’Euripide. »

M.-E. Galfré