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Nixon in China

Nixon in China - Critique sortie Classique / Opéra
Crédit : DR Légende : Maquette du décor de Shilpa Gupta pour Nixon in China au Châtelet.

Publié le 10 avril 2012 - N° 197

nouvelle production

Le Théâtre du Châtelet confie à Chen Shi-Zheng une nouvelle production de l’opéra de John Adams (né en 1947). L’orchestre de chambre de Paris est dirigé par Alexander Briger.

L’attitude véhiculée par les opéras américains vis-à-vis des mythes qui ont fait le terreau universel de l’art lyrique est plutôt ambiguë. À l’évidence, les compositeurs états-uniens ont voulu se déprendre de ce passé européen en localisant souvent leur œuvre sur les terres du Nouveau Monde – que l’on pense au Tender Land d’Aaron Copland ou au Porgy and Bess de George Gershwin, en décalquant au besoin la trame des tragédies (West Side Story de Leonard Bernstein) ou des épisodes bibliques (Susannah de Carlisle Floyd). C’est pour mieux célébrer les héros révélateurs de leur époque, à la manière de ce qu’a toujours fait l’opéra, depuis le Poppée de Claudio Monteverdi jusqu’au Gutenberg de Philippe Manoury.
Nixon comme nouvel Ulysse ? Pourquoi pas ? C’est en tout cas sur la suggestion du metteur en scène Peter Sellars que John Adams décide de faire du président américain et de son voyage à Pékin en février 1972 le héros et l’intrigue de son premier opéra, créé en 1987 à Houston. « J’ai mis du temps à réaliser combien cette idée était brillante, avoue le compositeur, cité dans l’ouvrage que Renaud Machart lui a consacré en 2004. Mais lorsque la poétesse Alice Goodman a accepté d’écrire un livret en vers rimés, le projet a soudainement pris une allure merveilleusement complexe, tout à la fois épopée, satire et examens sérieux des problèmes historiques, philosophiques, voire des relations entre les sexes, tout ceci concentré sur six personnages. N’était-ce pas quelque chose qui ne pouvait être traité que par le genre du grand opéra ? »

Conte philosophique

Opéra certes, mais dérangeant par un certain aspect monumental – cela moins au sens du gigantisme que d’une quasi-immobilité. Nixon in China est moins une œuvre proprement narrative que la mise en spectacle de pensées et d’attitudes, plutôt une sorte de conte philosophique. Ce que souligne John Adams : « la célèbre rencontre entre Mao et Nixon place ces deux personnages complexes face à face dans un dialogue qui oscille entre opposition philosophique et surenchère politique », soit un opéra de langage pour évoquer deux « adeptes de la manipula­tion de l’opinion publique ». Pour cette nouvelle production voulue par le Châtelet – plus de vingt ans après la création française de l’ouvrage à Bobigny – Chen Shi-Zheng a la lourde tâche de donner une nouvelle vision scénique de l’œuvre. Il explique ainsi sa démarche : « À une vision historique détournant les codes du documentaire du point de vue occidental, qui était celle de Peter Sellars, je préfère  mettre en lumière une trame dramatique qui part de l’exhibition du protocole, avec cette poignée de main très formelle, pour s’achever à échelle humaine, avec la fragilité, le dénuement et la vérité des êtres ». Autant dire que la production attend beaucoup de ses chanteurs-acteurs. Le baryton américain Franco Pomponi (qui fut le Sweeney Todd de Stephen Sondheim au Châtelet l’an dernier) incarne Nixon, le ténor Alfred Kim, Mao ; leurs épouses étant respectivement interprétées par June Anderson et Sumi Jo.

 

Jean-Guillaume Lebrun

A propos de l'événement


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