Jérémie Le Louët et les siens revisitent « Macbett » de Ionesco : une brillante célébration du pouvoir du théâtre
Artisans talentueux, Jérémie Le Louët et les [...]
Nicolas Liautard et Magalie Nadaud mettent en scène le Banquet de Platon avec une troupe qui cabriole et gambade, surjouant le plaisir de penser sans l’offrir complètement en partage.
Les demoiselles de la fondation royale Saint-Louis de Saint-Cyr, pour lesquelles Madame de Maintenon voulait un programme éducatif aussi ambitieux que moderne, furent les destinataires et les interprètes des deux dernières tragédies de Racine, puis des pièces de Boyer et de Duché de Vancy : la simplicité touchante des petites filles s’essayant au théâtre fit les délices d’une cour vieillissante et avide d’édification morale. Les demoiselles et le damoiseau réunis par Nicolas Liautard et Magalie Nadaud pour jouer Platon font penser à ces apprenties comédiennes, désarmantes dans la candeur sympathique d’une spontanéité allergique à la componction pénible de l’estrade et du commentaire magistral. À ceci près que les interprètes réunis dans ce Banquet n’ont plus tout à fait l’âge de la cour de récréation, et que leurs sauts et gambades autour de l’essence de l’amour et de la nature d’Eros frisent parfois la bouffonnerie.
Vertige plutôt qu’ivresse
Sarah Brannens est Socrate, Jade Fortineau, Agathon, Maïa Foucault, Aristophane, Célia Rosich, Apollodore, Aristodème et Pausanias, et Emilien Diard-Detoeuf joue Alcibiade. Mahdokht Karampour raconte et joue du santour basse, rappelant ainsi que les symposiums antiques mêlaient les arts dans le cratère du plaisir. Comme pour louchir l’ouzo, et puisque, ainsi que le remarque Eryximaque dans le texte original, l’ivresse est fâcheuse à l’homme, l’adaptation de Nicolas Liautard et Magalie Nadaud noie le spiritueux dans l’eau et le spirituel dans l’anecdote. Hoquet d’Aristophane, remplissage des verres, blagues, compliments séducteurs et saillies entre convives : il faut attendre qu’Emilien Diard-Detoeuf s’empare avec une simplicité éloquente et une vibrante émotion du discours d’Alcibiade pour qu’apparaisse la force littéraire du texte de Platon. Nicolas Liautard et Magalie Nadaud choisissent des femmes pour jouer les convives, ce qui ne manquerait pas d’intérêt si elles ne minaudaient pas comme des fillettes en jupettes et socquettes s’essayant à la joute oratoire. L’installation bifrontale, dont on sait qu’elle déstabilise l’autonomie heuristique en multipliant les focales, renforce l’effet de disjonction entre visibilité et connaissance, finissant de noyer l’entreprise philosophique dans le plat spectacle d’une fiesta chez Agathon.
Catherine Robert
Du mardi au samedi à 20h ; le dimanche à 16h. Tél. : 01 43 28 36 36. Durée : 2h.
Artisans talentueux, Jérémie Le Louët et les [...]
Fidèle aux lignes esthétisantes du théâtre en [...]